 "La Dame en or" de Gustav Klimt au recto de l’album prévient. Elle a fait en 2006 le voyage, probablement sans retour sinon pour des expositions temporaires, de Vienne à New York, coda soixante ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, des voyages et des exils transatlantiques entrepris entre l’ancien et le nouveau monde par les trois compositeurs que réunit Wolfgang Doerner. Avant les horreurs, Gustav Mahler qui épuisa son cœur malade au cours d’harassants voyages pour diriger le New York Philharmonic, ou Sigmund Romberg qui avait choisi les Etats-Unis dès les années dix (il aurait pu croiser Mahler en 1910 dans une rue de Manhattan), et fuyant la chiourme nazie, Kurt Weill qui y débarque en 1936 après quelques années parisiennes. Au chapitre Mahler, une version magnifique de "Blumine" où Wolfgang Doerner infuse à ses musiciens de Pasdeloup des couleurs et des phrasés Mitteleuropa assez inouïs ne doit pas masquer une magnifique version des "Lieder eines fahrenden Gesellen" où se révèle le beau baryton stylé de Daniel Schmutzhard. C’est aussi par Mahler que s’effectue la bascule du disque, non par la distance entre le monde ancien et le XXe Siècle, mais par la voix - miel et cerise - d’Amel Brahim-Djelloul, conteuse enjouée d’un des plus beau final de la 4e Symphonie qui ait été enregistré. Cette "Himmlische Leben" commanderait à elle seule de posséder le disque, mais le Romberg génialement remis dans son parfum original de Broadway, comme les trois Weill (la soprano donne une dimension tragique au doux-amer "Je ne t’aime pas" sur les paroles ambigües de Paul Magne), commencés à Berlin et achevés à New York avec le "That’s Him" tiré du sensuel "Touch of Venus". Pour la partie transatlantique l’Orchestre de Jazz Franck Tortiller prend la main, assaisonnant d’arrangements aussi brillants que libres les quatre gemmes pensées pour Broadway. L’album, enregistré à la Philharmonie de Paris et au Conservatoire de Puteaux est soigné, jusqu’à l’iconographie et au texte, remarquable, signé par Gabriele Slizyte. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  The album “Atlantic Crossings” by the Parisian Orchestre Pasdeloup, directed by Wolfgang Doerner, is dedicated to music written by European composers who came across the Atlantic to New York or later had to flee there from the Nazis. Gustav Mahler, who since 1907 has been travelling annually to New York over the winter to perform there, is introduced with the “Lieder eines fahrenden Gesellen” with the Austrian baritone Daniel Schmutzhard, “Das himmlische Leben” with the French soprano Amel Brahim-Djelloul, as well as the orchestral pieces “Blumine” and “Entracte” (from “The Three Pintos”). Extended by the jazz orchestra of percussionist Franck Tortiller, Orchestre Pasdeloup presents Sigmund Romberg’s “Lover Come Back to Me”, again featuring Amel Brahim-Djelloul; Romberg had been living in New York since 1909 and had established himself on Broadway. In the same line-up, Kurt Weill, who had to leave Europe for good in 1935, can be heard with “Berlin im Licht”, the chanson “Je ne t’aime pas” written in France in the early thirties and the Broadway song “That’s Him” from 1943.

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