 Après quelques essais embryonnaires, Liszt a bel et bien composé un opéra. « Je vais essayer de composer à mon tour un opéra, rien que ça ! » écrit-il à Marie d'Agoult en 1846. Ainsi naîtra en 1850 le premier acte de « Sardanapale » opéra qui reste inachevé puisque Liszt en abandonne la composition deux ans plus tard. Sur le plan du style, la musique reflète l'esprit de l’époque, allemand (Wagner), français (Berlioz), et quelques lointaines réminiscences de Palestrina. La tragédie de Byron, si bien illustrée par Delacroix, donne lieu à de grands moments d'intensité surtout vocale, l'orchestre étant dévolu à l'accompagnement des solistes et du chœur. Liszt s'emploie d'ailleurs à créer une orchestration expressive, s'accordant aux différents climats de l’œuvre. Quelques airs tiennent le haut du pavé : les nombreuses interventions de Mirra ici chantée avec élégance et détermination par Joyce El Khoury. L'unique air de Sardanapale Se sol l'armi est plutôt bien défendu par un Airam Hernandez volontiers ténébreux. La fluidité des mélodies et l'orchestration raffinée évoque bien souvent Berlioz (Les Troyens) et même si l'intrigue tourne court, l’œuvre captive de bout en bout. De plus, on a affaire à un orchestre d'exception (le Staatkapelle de Weimar) et à un chef (Kirill Karabits) attentif à déployer les timbres de chaque pupitre et instrument et qui ne cesse d'entretenir la progression dramatique. En complément de programme le poème symphonique Mazeppa montre une même tension, acerbe, tranchante, techniquement éblouissante. (Jérôme Angouillant)  Contrary heroes: Mazeppa and Sardanapalo performed by Karabits and the Weimar Staatskapelle Sardanapalo, who prefers wine and concubines to politics and warfare, and Mazeppa, who dies with glory, having endured pain and humiliation: dramatic literary models, impressively set to music by Franz Liszt. Written at the same time, these works represent Liszt’s ideas striving to unite literature and music, on the one hand modernising Italian opera and on the other advancing towards the symphonic poem in his orchestral writing. The Sardanapalo manuscript comprises the first act. For 170 years the material lay dormant in the Goethe and Schiller archive in Weimar: it was only in 2017 that David Trippett deciphered, edited and orchestrated the manuscript at the University of Cambridge. Kirill Karabits conducts the Weimar Staatskapelle: Liszt’s orchestra in the city in which he composed the opera. audite continues its series of the great Weimar Kapellmeister-composers.
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