 Le label Lyrita (produit par la BBC) nous offre l'occasion de découvrir de la musique rare mais essentielle dans la compréhension de l'univers musical d'après-guerre. Produits d'une époque tourmentée, ces compositeurs d'hier, souvent exilés, ont gravités en orbite autour des satellites de la modernité: Stravinski, Bartok et Shœnberg. Malcolm Lipkin est de ceux-là, né à Liverpool en 1932, il étudie auprès de Bernard Stevens et de Matyas Seiber, l'harmonie et la composition. Il n'adoptera jamais la technique sérielle mais sa syntaxe à base de brèves cellules rythmiques et mélodiques évoluera progressivement vers des thèmes uniques développés librement dans une instabilité rythmique récurrente. Cette évolution se fera grâce à la complicité de ses interprètes, l'influence de la littérature (Robert Herrick, Andrew Marvell) et un engagement politique affirmé, Clifford's tower (1977), le Concerto pour hautbois (1988). Les trois symphonies composées entre 1858 et 1985 sont le reflet de la démarche du compositeur. La couleur générale navigue entre climax dramatiques et nocturnes menaçants. Une tension omniprésente, entretenue par la répétition compulsive des thèmes, des éclairs dissonants, une pointe de clusters, baigne ces pages d'une ambiance que ne renierait pas un Bernard Hermann. Elle est renforcée par une orchestration efficace due à une répartition originale des pupitres. Les enregistrements, de bonne qualité, datent des années 80 et proviennent des archives de la BBC. Ils rendent justice à cette musique à atmosphère, moderne tout en étant tonale, et d'une singulière densité orchestrale. (Jérôme Angouillant) Malcolm Lipkin belongs to a generation of composers who came to prominence in Britain between the mid-1950s and the mid-1960s. Several of these figures began their careers as a ‘progressive’, exploring the newly-discovered range of technical and formal innovations before later forging their own relationship with tonality. In Lipkin’s case, early influences such as Bartók and Stravinsky were gradually assimilated into an original voice as his scores moved from long, lyrical lines and motorrhythms to tiny motifs and rhythmic cells in a more dissonant style. His skill at building convincing structures out of flexible, protean material has guided him towards traditional instrumental forms, in all of which he has something unique and worthwhile to say and his impressive technique has ensured those ideas are conveyed with the utmost clarity and conviction. Malcolm Lipkin’s three symphonies stand at decisive points in his creative life. Each represents a summing up of his previous musical development and initiates stylistic changes worked out in subsequent compositions. They have the integration and scope of a natural symphonist whose fastidious approach to his craft makes him well qualified to meet the exacting demands of the medium. It is to be hoped this release will generate interest in a composer who has steadily forged his own path regardless of passing trends to create a body of work of impeccable integrity which still largely awaits rediscovery.
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