 Cette lenteur qui cherche à faire rayonner l’harmonie, cette concentration du son renforcé par l’acoustique immense du vaisseau de la Cathédrale de Saint Florian où Bruckner repose, ce ton sombre, non ce ne sont ni Sergiu Celibidache ni Wilhelm Furtwängler qui dirigent ainsi la Huitième Symphonie de Bruckner, mais…Rémy Ballot. Paradoxe, après que Jochum, Wand, Skrowaczewski aient rendu leur Bruckner alerte, lumineux, élancé, voici qu’un chef français qui lorgne sur ses quarante ans le remet dans le son sans attaque, le son d’orgue que lui avait inventé Celibidache. Mais sans la magie du chef roumain, même si souvent la beauté des phrasés – parfois un rien narcissiques – les idées d’articulation, le tempo sépulcral lui font allégeance. Trop dans le Scherzo qui se perd en route, presque trop dans l’Adagio étiré aux confins du possible (33’37’’ !!!!!!!!!!!!!) mais qui du moins sonne hanté par une vision mortuaire. Le final ne s’emporte pas plus (32’51 »), vaste paysage dont les moments lyriques sont splendides, quasi trop, et perdent la tension. Et lorsque vous saurez l’orchestre composé de jeunes musiciens, cette lecture hors du temps vous surprendra plus encore. Je suivrais l’entreprise, en espérant que les prochaines incursions bruckneriennes du chef et de son orchestre oseront abandonner cette lenteur qui lisse trop le discours (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)  Il y a quelques mois, la parution de la version initiale de la 3° symphonie de Bruckner sous la baguette de Rémy Ballot avait fait sensation. A la tête d’un orchestre de jeunes autrichien particulièrement concentré, un jeune chef français livrait une lecture proprement inouïe de cette partition, enregistrée lors des Brukner-Tage de Saint Florian 2013. Un an après, dans cette même abbaye baroque où Bruckner a tenu l’orgue et est enterré, l’orchestre des jeunes Haute-Autriche sous la direction du même chef renouvelait le miracle avec cette 8° symphonie. Retrouvant des tempos quasiment identiques à ceux de son maître Celibidache (une heure 44’ !), le maestro français emmenait un orchestre enthousiaste vers les hauteurs brucknériennes. Dans l’acoustique très réverbérée de la grande abbaye, les fastes sonores de la plus grande des symphonies de Bruckner se déployaient avec splendeur. Même si vous connaissez par cœur cette symphonie, vous découvrirez dans cette lecture des moments que vous n’avez jamais entendus, et l’émotion de l’immense adagio vous prendra à la gorge. Un disque essentiel que la critique internationale a déjà salué comme il le mérite : « l’orchestre de jeunes a joué comme s’ils étaient des anges » (Ken Ward, The Bruckner Journal, London). (Richard Wander)

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