En hommage à György Ligeti, décédé à Vienne en juin 2006, le label Wergo réédite aujourd’hui la totalité de sa discographie dédiée au compositeur. Réalisés sur près d’un demi-siècle, ces enregistrements sont devenus au fil du temps des références absolues, tenues en haute estime par les mélomanes et la presse spécialisée. Pour marquer l’événement, le label a réuni trois de ces disques les plus marquants dans un coffret en édition limitée et commercialisé à un prix exceptionnel.  Trois CD, trop mince pour pouvoir restituer la quintessence ou du moins projeter un éclairage suffisamment représentatif sur un novateur de génie ? Peut-être pas. La cohabitation des quatuors, du Requiem, de leur problématique de l’héritage avec des « Aventures » sans antécédent met en lumière leur dénominateur commun : l’expérimentation accomplissant ses révolutions dans l’orbite de la question existentielle. Mise en abyme : avant le renouvellement de la perception du temps et de l’espace résultant de cette relation implicite, il y a cette nécessité d’interroger la matière, puis la volonté de tout lui demander, d’éprouver sa résistance en faisant violence à ses limites. Enfin, il y a les conditions de création. Ligeti quitta clandestinement la Hongrie en 1956. Ses deux quatuors seront ainsi rattachés à des contextes très différents. L’expressionnisme du premier dont le mouvement unique est le théâtre d’une conquête progressive porte en germe le radicalisme des œuvres de la période « occidentale ». Le compositeur comme l’auditeur « quittent » l’œuvre transformés. Le second quatuor et les œuvres qui lui sont contemporaines consacrent l’audace décuplée de la fragmentation par dissection du corps sonore et, inévitablement, du langage. Plutôt que d’en appliquer les techniques d’écriture à la lettre (la tonalité a droit de cité), le laboratoire en action retient l’enseignement essentiel du sérialisme : l’abandon des hiérarchies. Le cloisonnement des genres musicaux laisse place à une perméabilité significative. Ce sont des lois musicales qui ont dicté les mots des « Aventures » et « Nouvelles Aventures » couvant des opéras dont la scène de l’imaginaire est le berceau et la sépulture. Voix et instruments font face au même destin du sacre de l’instant. Le mot est résonance mais l’onomatopée, même notée, demeure bien plus qu’un son. De ce dernier, vos désirs changeants seront comblés par la diversité proposée (cordes vocales et instrumentales, clavecin, orgue, électronique etc.) qui contribue elle aussi à rendre représentative cette « Edition Ligeti ». (Pascal Edeline)  Avec ses nombreuses références, le label Wergo, bien connu des passionnés de musique contemporaine, ne pouvait pas ne pas rendre hommage à György Ligeti. Wergo s’était en effet le premier attelé, à l’époque du microsillon, à nous faire découvrir ses grandes œuvres. Ainsi, ce sont trois disques de référence qui nous reviennent ici. Ils ont véritablement marqué la discographie ligetienne et demeurent encore aujourd’hui des références incontournables. Tout d’abord, les deux Quatuors à cordes enregistrées en 1978 par le Quatuor Arditti, salués par un Diapason d’Or. Le même ensemble gravera à nouveau vingt ans plus tard ces deux œuvres, sans peut-être le même enthousiasme ni la même soif de découverte. Ensuite, ce coffret présente également trois autres œuvres majeures du Hongrois dans leur version de référence : le Requiem par Gielen, les Aventures et les Nouvelles Aventures par Bruno Maderna. Le troisième CD nous offre, lui, plusieurs œuvres de musique de chambre comme Continuum pour clavecin, les Etudes pour orgue.

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