 Schoenberg les avait plus qu’adoubé, alors que les quatre amis n’avaient pas encore pris le nom de leur primarius : « Wiener Sterichquartett ». La formation allant au studio de Columbia, renommée donc Kolisch Quartet, avait gardé la même formation, et au sein des années trente portait un style résolument moderne : archet légers, rythmes fusant, mise au point impeccable bannissant les effets de style habituels aux formations d’alors. Quasi pas de vibrato, pas de glissendi expressifs, une conduite droite et preste qui rendent leur deux Quatuors de Mozart, si parfaitement réalisés, simplement impérissable, vraie leçon de style demeuré indémodée. Pour Schubert, ils ajouteront une dimension expressionniste qui rapproche la folie névrotique du Quartettsatz, les abimes des 13° et 15e Quatuors, de ce temps de Vienne où Schoenberg osait sa "Verklärte Nacht", où les écrits de Freund s’instillaient dans l’imaginaire des auteurs, des peintres, des musiciens. Fabuleux à force de vision, de contraste, ces gravures d’un éclat de diamant fascinent toujours, autant que ce Quatuor avec piano de Schumann capté par Victor (RCA) aux USA, où les rejoint Hortense Monath, élève adorée de Schnabel, intime du cercle de Schoenberg ; écoutez comment elle fait apparaitre les fantômes de l’Andante. La "Plaisanterie musicale", assez pince sans rire, n’est pas tout à fait anecdotique, mais après des transferts aussi exemplaires, Ray Edwards ne doit pas en rester là, les Ultraphon, les Metropole, coté 78 tours, et sans préjuger de ce qu’il pourrait tirer des microsillon, méritent son attention si musicale. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

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