Karl Weigl (1881-1949)
"Ein Stelldichen" op. 16, pour mezzo-soprano et sextuor à cordes
Sextuor à cordes en ré mineur
Quatuor à cordes n° 6 en do majeur

Albana Carrère, mezzo-soprano
Ensemble Mark Rothko

Carlo Lazari, violon
Giada Visentin, violon
Benjamin Bernstein, alto
Marianna Sinagra, violoncelle
Carlo Teodoro, violoncelle

Vienne, fin du XIXème siècle. La culture européenne atteint son sommet, et déjà entame une décadence, qui n'est pas encore un déclin. Les artistes raffinent à l'extrême un matériau bien connu et brillamment exploité par leurs devanciers. Des innovations réelles viendront un peu plus tard, ailleurs qu'à Vienne. En musique, Mahler passe le témoin à Schoenberg, difficile de se faire une place entre ces deux géants, Zemlinsky en sait quelque chose, et a fortiori son élève Karl Weigl, qui jouera à sa façon avec les tonalités, sans oser franchir le pas vers l'atonalité. Dans ce bel album Urania, deux époques : d'abord deux pièces pour cordes, des études de couleurs, on pouvait s'y attendre, dont la "Nuit transfigurée" reste le modèle. Avec "Ein Stelldichein" op. 16, Weigl reprend un projet abandonné par Schoenberg, et ajoute une voix de mezzo-soprano, ici l'excellente Albane Carrère, dont le somptueux mezzo vient enrichir encore la palette de l'ensemble Mark Rothko. Le Quatuor en ré mineur est de la même eau. Changement radical avec l'exil américain pour cause de persécutions nazies : le radieux Quatuor en ut majeur est un hommage nostalgique et ému au classicisme viennois, un peu à la façon de la première symphonie de Prokofiev. Un mot de l'ensemble Mark Rothko, réunion de circonstance des meilleurs chambristes italiens, dont des disciples du légendaire Trio de Trieste. Ces remarquables musiciens prennent au sérieux le compositeur, ce qui nous vaut un album séduisant, mais que l'on réservera aux passionnés - et on en est - de la Vienne fin de siècle. (Olivier Gutierrez)