Jacques-Martin Hotteterre (1674-1763)
Six Sonates en trio, op. 3
Prélude en sol mineur, op. 7
Troisième Suite, op. 8
Trois pièces du premier livre, op. 2

Camerata Köln

Les dynasties des Hotteterre, des Couperin et des Bach eurent en commun l’étendue, l’importance dans l’histoire de la musique et la période qui les vit atteindre leur point culminant. Jacques, « le Romain », était en effet contemporain de François, « Le Grand », et de Jean-Sébastien. L’un des douze hautbois de la Grande Ecurie du roi consacra ses activités de facteur d’instruments et de compositeur à la flûte traversière, étant le premier à l’honorer d’une publication dès 1708. Son « Œuvre Deuxième » (1715) est accompagnée d’une table d’agréments fort utile pour la pratique de l’ornementation. La Camerata Köln offre une fois de plus un modèle d’interprétation et de goût : réalisation subtile et accomplie de la basse continue, alacrité des rythmes, hédonisme de la couleur, expressivité restituant toutes les nuances d’une esthétique où la diversité des registres ne compromet jamais l’équilibre entre la raison et les affects. L’enjouement est gracieux et la mélancolie s’avoue avec une noble retenue. Comme pour illustrer les avantages (autres que commerciaux) d’une édition de l’œuvre non restreinte aux flûtistes, un timbre différent caractérise ici chacune des suites. Judicieuse et appréciable, cette alternance permet de constater que la viole et le clavecin autant que la flûte bénéficient du perfectionnisme s’aiguisant aux indications données par Hotteterre pour la pratique de son instrument. Celles-ci n’intéresseraient guère que les spécialistes si la plénitude sonore obtenue ne s’élevait comme ici jusqu’à l’idéal du classicisme louis-quatorzien. (Pascal Edeline)

Jacques Hotteterre’s six Trio Sonatas op. 3 form the focus of Vol. 2 of our complete recording of his chamber compositions. For generations the members of the Hotteterre family were oboists, bassoonists, flutists, and musette players who were important personalities in the French music world. In his special occupation with the Italian style Hotteterre initially modified the sound picture with an instrumentation with flutes and as a direct consequence of this measure »translated« the treatment of the parts into French. He avoids overly quick passages and extroverted affections, writing instead in a style that is intimate and discreet and in part also theatrical. With respect to their form the trio sonatas likewise are situated in an intermediary stylistic position. Although all the pieces are in four movements in keeping with the Italian sonata da chiesa, French goût complements their outer structure as Italian trio sonatas and manifests itself in the their tone, predilection for subtle affections, mainly homophonic writing style, and overall cyclical integration of French dances such as the courante, sarabande, gavotte, and gigue. In this way, despite his great italianità, Hotteterre Le Romain remains a committed Frenchman.