Toshio Hosokawa (1955-)
Landscape V, pour sho et quatuor à cordes
Threnody, dédié aux victimes du tremblements de terre de Tohoku, pour alto
Fragmente II, version pour flûte à bec et quatuor à cordes
Small Chant, pour violoncelle -Landscape II, pour harpe et quatuor à cordes
Elegy, pour violon

Mayumi Miyata, sho
Naoko Yoshino, harpe
Tosiya Suzuki, flûte à bec
Quatuor Arditti

Irvine Arditti, violon
Ashot Sarkissjan, violon
Ralf Ehlers, alto
Lucas Fels, violoncelle

Auteur déjà d'une œuvre assez abondante, Toshio Hosokawa né en 1953 à Hiroshima fit ses études musicales notamment avec Isang Yun puis à Fribourg avec Klaus Huber et Brian Ferneyhough. Hosokama se réclame aussi bien des influences de ses pairs : Isang Yun (auprès duquel il a étudié la composition) et Toru Takemitsu ; mais aussi de la culture occidentale dont il s'est nourri à Darmstadt puis à Fribourg. On retrouve le quatuor Arditti dans ce deuxième volume de musique de chambre comprenant 3 pièces pour instrument soliste et trois quintettes, en fait des quatuors complétés par une harpe, une flûte et un shô. Ces pièces intitulées Fragmente et Landscape sont élaborées autour des notions chères au compositeur japonais: le silence, le souffle vital (le qi) et une écriture sonore imitée du geste calligraphique. Toshio Hosokawa détourne le timbre de la flûte et de la harpe de façon à les inscrire dans le champ traditionnel (Shakuhachi et Koto). Il s'inspire aussi d'Helmut Lachenmann dans cette manière singulière d'aborder la technique instrumentale, mais sans en avoir la radicalité. Car chez Hosokawa demeure le flux, le souffle, cette respiration temporelle qui émane naturellement de sa musique. Tout comme Takemitsu. Procédé magique d'instiller des influx électriques entre les instruments du quatuor en créant une constellation sonore blanche, épurée et sereine. Dans les pages solistes (Elegy, Small chant, Threnody), Hosokawa restreint encore le champ expressif de l'instrument pour se concentrer sur son aura, son incarnation dans l'espace. Les Arditti abordent ces partitions avec une intime compréhension, le détachement nécessaire et comme un geste spirituel ; évitant ainsi d'un faire un pensum de « musique contemporaine ». A réécouter avidement. (Jérôme Angouillant)