Plöner Musiktag, de Paul Hindemith, est une des œuvres les plus hors du commun de la vie du compositeur allemand. En effet, cette composition, écrite pour de jeunes musiciens, ne fut, pour des raisons politiques, plus jamais jouée dans son intégralité depuis les années 1930. Lors de l’arrivée au pouvoir des nazies, Hindemith s’est opposé à ce qu’ils récupèrent cette œuvre à des fins de propagande. Aujourd’hui, enfin, le moment est venu pour la redécouvrir dans cet enregistrement en première mondiale. / Comme son nom l’indique, il s’agit d’une musique écrite pour les différents moments de la journée. Le matin, les cuivres jouent une musique matinale. Puis, à midi, on joue entre à chaque plat une musique de table. La pièce centrale, la Kantate, se rattache à la tradition allemande de l’éducation musicale. Enfin, pour le soir, c’est un concert de fin de journée.  Musique pédagogique, mais au fond bien plus. Hindemith écrivit son « Plöner Musiktag » pour les étudiants de l’internat de Plön qui l’avaient fêté lors de sa précédente visite en représentant son petit opéra « Wir bauen eine stadt ». Hindemith décida de composer de la musique pour toute une journée de vie dans cette institution, du matin au coucher. A mesure des différentes étapes du jour il décline tous les genres d’une certaine musique utilitaire, souvent teintée de références baroques (musique de table, cantate). S’il n’y avait que cela, l’œuvre aurait pu continuer à dormir parmi les incunables du compositeur. Mais la valeur de l’ensemble, excède celui des parties, et l’écriture à géométrie variable (on trouve un trio pour flûtes à bec dans la musique du soir), l’invention rhétorique, la finesse de l’écriture rendent l’œuvre décidément attachante. Interprétation très soucieuse de rendre le caractère expérimental de l’aventure (Discophilia, Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)
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