 C’est en 1943, au cours de son exil américain, que le compositeur allemand Paul Hindemith se lança dans la composition de ce « jeu de sons » (Ludus Tonalis) dont le sous-titre est explicite : "Etudes ou exercices contrapuntiques, tonaux et techniques pour le piano". Cette œuvre magistrale et austère de presque une heure n’intéressa que tardivement les pianistes. Il s’agit pourtant d’une "réponse" au Clavier bien tempéré de Bach comme le fut celle, quelques années plus tard, de Dimitri Chostakovitch avec le cycle des Préludes et Fugues. Hindemith pensa son propre système tonal avec une suite de séries organisées en 25 morceaux. Fugues et interludes sont encadrés par un Prélude et un Postlude. Graciles, robustes, capricieuses voire presque désinvoltes, mais aussi rigoureuses, dansantes, sensuelles ou abstraites, ces pages doivent "vivre" avec une certaine liberté d’allure et plus encore un plaisir de la matière sonore, plaisir à chaque fois renouvelé. Agnieszka Panasiuk joue parfaitement de la multiplicité des atmosphères tout en préservant la plus grande lisibilité à des structures mobiles et miroitantes. On oublierait presque le propos ardu, sinon la complexité intellectuelle de l’ouvrage tant la fantaisie et même l’humour sont impeccablement traduits sous les doigts d’une interprète aussi inventive. (Jean Dandrésy)  Ludus tonalis were created during Paul Hindemith’s stay in Yale (USA), when his avant-garde period was already over; back then, he was leaning towards Neo-Baroque aesthetics. The piece directly refers to Johann Sebastian Bach’s Das Wohltemperierte Klavier, while the tradition of Baroque polyphony is combined with the 20th-century style and the composer’s individual musical language. In turn, the cycles share the strict approach to the form of fugue, while the way of shaping the preludes/interludes (which take various forms) is free – in Hindemith’s case, apart from preludes, toccatas and fantasies, there are also such forms as siciliana, foxtrot, march or waltz. The piece is unique in terms or piano music, intriguing and inspiring performers since its inception. It also inspired Agnieszka Panasiuk, a graduate of the London Royal Academy of Music, finalist of the Delius Prize competition. In her interpretation, one can clearly hear Bach inspirations, and the album is complemented by a bonus – the Sarabande from the French Suite, as a reference point.

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