Clementi Œuvres avec guitare Morris Rosman - MODE182 - Contemporain - par Mode

A l’instar de son compatriote Franco Donatoni, Aldo Clementi (1925-2011) consacre une série de ses œuvres à la guitare – un instrument au fond plus usité chez les Italiens que chez les Espagnols, si on se réfère à la façon dont les seconds s’inspirent des expérimentations des premiers – et tous deux suivent les cours d’été à Darmstadt avant de s’émanciper de la mainmise sérielle sur la musique de l’époque : les œuvres ici rassemblées sont issues de la période « diatonique » du compositeur et certaines de ses pièces sont baignées de son intérêt pour l’illusion graphique, comme quand il sature la surface sonore de lignes mouvantes répétitives, desquelles se détachent furtivement vibrations et brefs martèlements. Clementi joue avec le "regard" de l’oreille, mais aussi avec le temps, noyant la fin dans un évanouissement aussi évanescent qu’inéluctable – Morton Feldman, lui, se contentait d’arrêter l’horloge. "Serenata" en est un bon exemple, où la partition doit être jouée trois fois, chaque fois plus lentement et à volume decrescendo, le tout dans une progression imperceptible menant à la disparition. Autre versant de la technique de Clementi, "Fantasia Su Frammenti Di Michelangelo Galilei", écrite en 1978 pour guitare seule, est un collage à partir de 21 séries de fragments, joués sans interruption et arrangés pour produire une étonnante pulsation ondoyante. (Bernard Vincken)