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El Cimarrón de Hans Werner Henz dans l’interprétation explosive de El Cimarrón Ensemble. L’histoire de l’esclave cubain Esteban Montejo racontée par quatre musiciens engagés, un ensemble instrumental des plus originaux, un baryton, une flûte et une guitare, soutenus par les percussions africaines, le fondement et la basse continue de toute l’œuvre.  El Cimarrón est l’un des plus significatifs exemples de musique politiquement engagée – pierre angulaire dans l’œuvre de Werner Henze, le théâtre musical tel que nous ne l’avons jamais connu auparavant. Dans son récital pour quatre musiciens Henze raconte l’histoire de Esteban Montejo, un esclave cubain parvenu à s’échapper, qui, à l’âge de 104 ans, a été longuement interviewé sur sa vie par l’ethnologue et l’écrivain cubain Miguel Barnet. Son livre a servi de model pour un livret de l’écrivain allemand Hans Magnus Enzenberger, traduit en anglais par Christopher Keene. On retrouve dans l’œuvre de Henze le geste narrative qui caractérise le style parlant de Esteban Montejo, conservé sur bande. Il y a également la basse continue, la fondation musicale à partir de laquelle tout se développe, dérivée de la musique ancienne africaine pour percussions. Il s’agit là de la pulsation intime mais pénétrante de El Cimarrón. / « Il y a quelques mois, j’ai eu l’opportunité de voir et d’entendre les répétitions pour mon « El Cimarrón » pour le El Cimarrón Ensemble de Junge Kultur à Hallein. J’ai été très impressionné par l’énergie, l’élan artistique et l’engagement humain qu’ils ont manifestés de façon totalement explosive. Dans la mise en scène de Michael Kerstan, cette œuvre devient une pièce impressionnante, émouvante et captivante. Je leur souhaite tout plein de succès et je leur remercie pour leur travail d’exception. » (Hans Werner Henze, juin 1999) / Biographie en musique de l’esclave Esteban Montejo composée par Henze entre 1969 et 1970, El Cimarrón demeure une œuvre relativement insaississable. Hans Magnus Enzensberger élabora le texte d’après les écrits de Miguel Barnet. Henze fit plusieurs voyages à Cuba, et c’est au cours du second, entre le 8 novembre 1969 et ke 27 janvier 1970 qu’il débuta véritablement la composition d’El Cimarron. A Cuba, il fréquenta Miguel Barnet, comme ses collègues compositeurs, tels Leo Brouwer ou Carlos Fariñas. Comme le souligne l’auteur du texte dans le livret, Michael Kerstan, par ailleurs directeur artistique de l’Ensemble El Cimarrón, Henze a composé ici une œuvre, qui contient de fortes composantes aléatoires, voire même différents champs structurels : les moments d’improvisation libre se confrontent rapidement à des passages naturellement d’une plus grande sévérité, où les hauteurs et les sons sont précisément déterminées, comme les tempi et la dynamique être parfaitement coordonnés. De même, El Cimarron regorge de passages en apparence traditionnelle, telle le passage concertant de la flûte au début de « Die Falsche Freiheit » (VII). Cette continuelle dichotomie ou confrontation entre le neuf et l’ancien fait toute la richesse expressive de l’œuvre, bien que cet excès d’expérimentation puisse sembler parfois un peu vaine. Le 22 juin 1970 eut lieu la création dans le cadre du Festival d’Aldeburgh. Les interprètes étaient alors le guitariste Leo Brouwer, le flûtiste Karlheinz Zöller, durant plusieurs années flûtiste solo de l’Orchestre Philharmonique de Berlin, ainsi que le percussionniste japonais Tsutomu Yamash’ta et le baryton américain William Pearson. (Pierre-Yves Lascar)
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