Le label américain New World Records nous propose à travers quatre albums au minutage généreux de découvrir l’œuvre de Harry Partch (1901-1974), l’un des créateurs américains les plus méconnus et pourtant l’un des plus passionnants. Harry Partch est né en 1901 en Californie et a grandi entre trois états, la Californie, le Nouveau-Mexique et l’Arizona. Ses parents – des anciens missionnaires presbytériens en Chine - l’ont éduqué aux sons de certains chants traditionnels et folkloriques. Il fut alors imprégné de la musique mexicaine locale et celle des Indiens Yaqui. Il se souviendra de cette proximité qu’il a toujours eu pendant son enfance avec des cultures aussi diverses qu’enrichissantes. En 1920, il commence des études à l'école de Musique de l'University of Southern California. Après deux ans, il abandonne : comme tant d’autres aux Etats-Unis, avant ou après (Charles Ives, Bernard Herrmann, …), il refuse la voie de l’académisme. Les écoles ne lui apprennent rien. Cet autodidacte apprendra tout en lisant assidument dans les bibliothèques partitions et écrits sur la musique. A partir de 1923, il rejettera le tempérament égal qui fut pourtant la base de la musique européenne occidentale. Il veut se rapprocher le plus possible des harmoniques naturelles. C’est alors qu’il divise l’octave en 43ème de ton et invente de nouveaux instruments (percussions ou instruments à cordes) qu’il construira dès les années 1940 à l’aide de sapins et séquoias qui se trouvent près du ranch où il a établi son studio de travail et d’enregistrement, à Gualala. Depuis 1930, il a rompu de manière « irréversible » avec la tradition musicale européenne, ayant brûlé l'équivalent de quatorze années de travail. Partch se tourne dans les années 1950-1960 vers des compositions de grande échelle, théâtrales et dramatiques. Celles-ci sont bien accueillies par le public mais les milieux académiques – on s’en doute – n’ont pas apprécié les œuvres de cet ermite volontariste. Pourtant, selon certains, Partch est l’un des créateurs « les plus novateurs, iconoclastes et authentiquement américains » du XXème siècle. (Pierre-Yves Lascar)