La « Rhapsody in Blue » (1924) puis le « Concerto en Fa » (1925) de Gershwin sont emblématiques de la musique de concert américaine. Elles combinent élégamment et astucieusement la musique classique et une certaine idée du jazz, des rythmes qui swinguent, des sonorités de cuivres et de percussions, des effets sonores, des mélodies accrocheuses, sentimentales et percutantes, une harmonie jouant sur l’ambiguïté majeur/mineur de la fameuse « note bleue » du jazz et une orchestration flamboyante dégageant un charme coloré, vivifiant et gracieux. Le choix de tempos lents et d’un rubato marqué semblent au premier abord pénaliser la vitalité enjouée, la liberté rythmique du swing, la flamboyance et la légèreté qui font la fraîcheur et le charme pittoresques de ces œuvres. Néanmoins, il se dégage une vision grandiose et romantique de ces compositions qui se laisse finalement apprécier. Pour compléter le programme, le pianiste Karl Eichinger présente un court concerto (2020) de Daniel Muck, jeune compositeur viennois avec lequel lui et l’orchestre de Brno se sont trouvés des affinités esthétiques. Cette charmante composition veut établir elle aussi des correspondances entre la musique populaire et la musique classique, entre le Romantisme, le lyrisme hollywoodien et la pop. C’est sympathique, plaisant, mélodieux et rythmé, sans pour autant être indispensable. Pourquoi pas... (Laurent Mineau) When George Gershwin presented his Rhapsody in Blue at Manhattan’s Aeolian Hall in 1924, Jazz had prized its way into the classical concert halls. Only one year later the Concerto in F followed – the motifs and themes ‘jazzy’, whilst bearing all the hallmarks of the instrumental concertos of the previous 150 years. After its premiere on December 3rd, 1925, at New York’s Carnegie Hall, the composer of songs Gershwin was fully established as a classical concert-composer. The Concerto for Piano (2020) was composed for Karl Eichinger as a commission of the state of Lower Austria by the 1990 Vienna-born Daniel Muck, who has always felt a stylistic connection with Gershwin, and hence is an expression of his intent to cleave the rift between the grand past of the romantic virtuoso concerto and contemporary popular music.
|