 "Kühl, nicht lau", c’est sur ce jeu de mots ("Frais, pas tiède", faisant sûrement allusion au champagne qui arrosait leur rencontre à Baden en 1825) sur le nom de son ami Friedrich Kuhlau que Beethoven écrivit le canon WOo191, lors d’une soirée amicale où les deux célibataires rivalisèrent d’inventivité dans l’improvisation de canons burlesques. L’inspiration de Kuhlau était cependant la plupart du temps plus sérieuse, comme en témoignent les trois sonates pour piano et violon op. 79, et encore davantage les deux pièces pour piano à quatre mains ici gravées pour la première fois. L’œuvre de Kuhlau pour le violon est peu abondante (5 sonates avec piano dont celles-ci), la prédilection du compositeur allant au piano (avec d’innombrables fantaisies, sonates, sonatines etc), tant solo qu’en quatuor, ou en accompagnement de la flûte, son autre instrument favori, avec des trios et quatuors de flûtes parmi les premiers du genre. C’est à la suite d’une chute qui le rendit borgne à l’âge de 10 ans que Kuhlau, pendant sa convalescence, se consacra intensément au piano, pendant que son père, musicien militaire, lui enseignait la flûte. Ayant rapidement acquis une belle réputation de pianiste et de compositeur, il s’enfuit à Copenhague en 1810, les armées de Napoléon ayant envahi l’Allemagne du nord et le jeune virtuose étant menacé de conscription malgré son handicap. Il s’y établit pour le restant de ses jours, connaissant la consécration en 1828 avec le drame "Elverhoj" (La colline des elfes), toujours très populaire au Danemark de nos jours. Les trois sonates op. 79 illustrent parfaitement la veine mélodique aisée, le style Biedermeier au meilleur sens du terme, où excelle Kuhlau, les allegros nerveux mais chantants et les finales échevelés (sonate 1) ou dansant (Polonaise de la deuxième sonate) encadrant des andantes très lyriques, au caractère de romance, où s’épanouit l’expressivité limpide propre au compositeur, synthèse de son ami Beethoven et de Weber (son exact contemporain), dans ses sonates opus 10. Les deux pièces pour piano à quatre mains, tardives et d’amples proportions, sont de plain-pied avec le Schubert de l’Allegro en la mineur "Lebensstürme", du Divertissement à la Hongroise ou de la Fantaisie en la mineur. De précieux instruments d’époque (Piano viennois Stein de 1830 et violon J.A. Marchi de 1785), restituent, entre les mains d’interprètes totalement investis, les sonorités rares et précieuses de ces musiques trop rarement jouées. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)  To dub Friedrich Kuhlau the Danish Beethoven might be stretching a point, especially since he only moved from North Germany to Copenhagen at the age of 24, but Denmark could boast no more accomplished composers in the high noon of the Classical age, and it welcomed so prodigious a musician – not only composer but pianist, conductor and scholar – whose greatest successes during his lifetime were in the field of opera, at least until his premature death at the age of just 48, probably from hard living as much as financial problems: the story goes that when the Queen of Denmark invited him to take tea at the palace, he replied that he would accept only if drink was on offer. Most of his chamber music features the flute, a commercially astute selection given the popularity of the instrument among amateur musicians at the time, even though Kuhlau was no flautist himself. There are, however, three piano quartets, a late string quartet closely modelled on Beethoven’s Op.132, and four violin sonatas. This Op.79 set was composed as a trio in Copenhagen in 1826, the year after he got drunk on champagne one evening with Beethoven, who wrote a canon at the time and sent it along later with a mock-apology: ‘In this case, I haven’t the slightest memory of what I wrote yesterday… Think of me now and again, your devoted Beethoven.’ All three sonatas are melodically fresh, dramatically imposing works that should not stand too shyly in the shadow of Beethoven’s contributions to the genre: the first and third are largely extrovert, whereas the second is thoughtful and intimate in character. The sonatas are juxtaposed here with late and brilliant works for piano fourhands which may reveal the influence of Schubert, so unconventional is their form, so bold the evocation of Romantic sonorities on the keyboard: on this album of historically informed performances by young Italian musicians, the instrument used is a Stein piano of Viennese manufacture, dating from 1830.

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