Franz Schreker (1878-1934)
Symphonie en la mineur, op. 1
Intermezzo, op. 8
Valse festive et Valse-intermezzo
Valse lente
Suite "Der Geburstag der Infantin"

Bochumer Symphoniker
Steven Sloane, direction

Qui croirait cette symphonie emplie de fausses citations brucknériennes coulée de la plume du futur compositeur des Stigmatisés? Le jeune-homme de vingt ans y dit adieux à ce XIX siècle qui se clôt, son talent d’orchestrateur, qui ira vite vers des raffinements plus délétères, y parait ça et là, Steven Sloane soulignant les devenirs de cette œuvre assez parfaite de facture pour tromper son monde. Dès le diptyque des Valses, le ton change, c’est un univers prêt à disparaitre que Schreker fait danser au bord du volcan. Puis vient la Valse lente, commencée dans cette harpe hypnotique avant que la clarinette et le hautbois n’introduisent la phrase des cordes, harmonies chaudes, trame sensuelle, tout un univers décadent mais pas encore sexuel. Le grand saut se fera avec la Suite pour l’Anniversaire de l’Infante, soudain l’univers sonore si prégnant de Schreker parait, l’inscrivant au coté de celui de Zemlinsky (qui écrira lui aussi sur l’œuvre de Wilde) dans une même approche de la modernité, Steven Sloane en faisant miroiter les fastes un peu orientaux. Œuvre d’orchestre vol 1 annonce l’éditeur, le terrain est plus vaste qu’il n’y parait, demain le Prélude pour un drame, la Symphonie de chambre montreront l’éclosion complète du génie Schreker dont le Bochumer Symphoniker et Steven Sloane, subtilement captés par les ingénieurs de CPO, semblent posséder toutes les arcanes. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Avant de devenir un compositeur d’opéra fêté et reconnu puis d’être banni et rejeté brutalement dans l’oubli par les nazis, Schreker avait écrit des pages purement orchestrales qu’on redécouvre peu à peu. La belle symphonie opus 1, œuvre d’un compositeur de vingt et un ans, montre un talent précoce qui a entendu Brahms, Dvorak et Bruckner, à l’instar de son contemporain Zemlinsky. Malgré la perte du finale, la partition ne manque ni de charme ni de maîtrise. A peine ultérieur, le bel intermezzo et deux valses montrent que le jeune compositeur se faisait la main avec des pages de circonstance qui montrent déjà son goût pour les orchestrations raffinées. Le sommet du CD est atteint en ce domaine par la splendide suite de l’anniversaire de l’infante d’après la pièce d’Oscar Wilde qui allait également inspirer à Zemlinsky son formidable « Nain ». Dans cette suite tirée en 1923 de la pantomime originale de 1908, la maîtrise des sonorités subtiles et de la couleur orchestrale la plus recherchée fait de Schreker l’égal des musiciens français les plus célèbres. L’orchestre de Bochum et Steven Sloane qui avaient auparavant enregistré de remarquables disques Joseph Marx sont à leur affaire pour restituer à ce post-romantisme viennois qui tire du grand orchestre une palette de sons d’une richesse et d’un raffinement exacerbé toute sa luxuriance. On attend désormais la suite et surtout les grands préludes, véritables poèmes symphoniques dignes de ceux de Strauss. (Richard Wander)

As a famous music authority and critic once wrote, the life story of the Austrian composer Franz Schreker and the reception history of his oeuvre would have offered fine material for a magnificent novel with a musician as its protagonist – if not for the fact that everything had actually occurred in real life: his childhood spent in poverty; the difficult initial path to local prominence in Vienna; the breakthrough to superstar status in German-language opera houses; his appointment as director of the Berlin College of Music; his failure to resist the seductive powers of flatterers; the gradual loss of favor among audiences and critics that many seeming friends followed with malicious spite; and then the final blow, when the new »master race« turned the world upside down – all of this was fact, not fiction. Following the release of several operas by Franz Schreker during past years on cpo (some of them in premiere recordings), our label now turns to the orchestral works of a man who in some circles continues to be dismissed as a mere »sound magician,« even though he was a melodist and harmonist of the first water and had learned his craft so thoroughly at the Vienna Conservatory that he himself became a sought-after teacher. The present program traces Schreker’s path from his studies with Robert Fuchs to his first enduring success – the captivating pantomime The Birthday of the Infanta (1908) after the fairy tale by Oscar Wilde, which definitely numbers among the finest creations of the musical art nouveau.