En mars 2011, Mara Dobresco et ses amis du Trio Brancusi enregistraient en première mondiale un saisissant Trio avec piano, tout juste retrouvé, coulé de la plume d’un adolescent : George Enescu était dans sa seizième année, tout pétri de musique viennoise, et l’on comprend tout de suite que ses Dieux sont Schumann et Brahms. Cinq ans plus tard en voici une seconde version au disque, plus viennoise de ton, plus nostalgique, au piano plus ductile. C’est un autre regard, qui confronte les idées divagantes du jeune Enescu avec la prégnance des modèles germaniques, moins expansive, plus lyrique, avec déjà les prémices des futures partitions parisiennes. La sonorité des trois amis à quelque chose de mordoré, de profondément automnal, qui irait comme un gant aux Trios de Tchaikovski ou de Rachmaninov. Le Trio Enescu l’accorde parfaitement l’opus du jeune Enesco avec le Premier Trio d’Arenski, partition magnifique qu’il teinte aussi de nostalgie. Les deux œuvres semblent soudain très proches, d’ailleurs elles n’ont été écrites qu’à trois années de distance, et partagent cette même lyrique sombre qui regarde vers Schumann mais où s’immiscent des harmonies et des traits mélodiques inspirés par les musiques populaires. Mariage heureux pour un disque d’œuvres au final assez rares. Je suis bien curieux de l’album précédent de ce jeune trio allemand, qui couplait le Trio de Fauré à la magique Sérénade lointaine et au Premier Trio d’Enescu, je vous en causerais lorsque je l’aurai entendu (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Croyez-le ou non, il semble bien que voici seulement le deuxième enregistrement mondial du trio en sol mineur d’Enescu, après celui du trio Brancusi en 2012 chez ZigZag Territoires (et même le site du Museum National George Enescu ne mentionne pas encore l’œuvre) ! Le trio éponyme en donne une vision peut-être moins vibrante que son prédécesseur, semblant vouloir atténuer par des coloris plus modernes les références pourtant flagrantes à Brahms et Schumann. Ce qui ressort alors (au risque de friser l’éparpillement) c’est le foisonnement d’idées, de thèmes et de rythmes, ainsi que l’impressionnante maîtrise formelle et technique d’un compositeur de 17 ans. Mais comment cette musique a-t-elle donc pu tomber dans l’oubli pendant un siècle ? A ses côtés l’op. 32 d’Arenski ferait presque figure de blockbuster avec sa quarantaine d’enregistrements, d’autant qu’il a déjà attiré nombre de trios célèbres (Grumiaux, Wanderer...) et de grands violoncellistes (Piatigorsky, Wallfisch, Hoffman...). L’œuvre le mérite : élégiaque et mélodieuse, lorgnant vers Schumann et Mendelssohn avec son violoncelle omniprésent en hommage à un ami du compositeur. Le trio Enescu trouve une autre esthétique, d’autres couleurs... le voilà chaud et romantique, lyrique parfois : difficile de se retenir de chanter à tue-tête l’épisode "meno mosso" du Scherzo ! Un beau disque, à ne pas rater au moins pour le très rare Enescu. (Olivier Eterradossi) The young and scintillating Trio Enescu outdoes itself – their acclaimed GENUIN debut CD makes way for a new production featuring early piano trios by their namesake George Enescu and Anton Arensky. From the very first measure of Enescu’s tempestuous youthful work, we’re amazed at how passionate – and simultaneously perfect! – music written by a 17-year-old can be. With this piece, the three young musicians round out their complete recording of the Romanian national composer’s oeuvre for trio. And Anton Arensky’s delectable chamber music, interpreted on the same high level, also makes us sit up and take notice, asking ourselves why these pieces don’t show up more often on concert programs.
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