 On n’en aura probablement jamais fini avec le bonheur de découvrir de nouveaux opus dans le catalogue de Reznicek. Après les symphonies et les poèmes symphoniques voici les suites : la « Traumspiel-Suite » commencée durant la grande guerre et finie en 1921 mêle le délicieux et l’étrange, vrai conte de fée mi rose mi noir, d’une imagination dans l’instrumentation aussi virtuose que singulière : écoutez les ombres de « La Grotte de Fingal », le portrait charge de « L’Avocat », les étranges alliages sonores de « Herbst und Frühling » avec son coucou mécanique qui fait danser un violon. Il faut un poète ici, Sefan Solyom raffine son orchestre de Weimar, merveille. Il aurait dû plus l’élancer dans la Karneval-Suite, délicieuse pochade néo baroque façon Lully qui semble répondre au « Bourgeois Gentilhomme » de Strauss. Plus strictement romantique, en tons sombres et nordiques, la Première Suite Symphonique (1882) laisse pourtant entrevoir de quelles audaces le jeune homme sera bientôt capable. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Reznicek fait partie de ces musiciens qui doivent leur redécouverte à CPO. On ne connaissait en effet de lui que la brillante mais peu significative ouverture de Donna Diana jusqu’à ce que l’éditeur enregistre ses symphonies, ses opéras et surtout ses deux fascinants poèmes symphoniques Schlemihl et Der Sieger, sous la baguette de Michail Jurowski. Cette fois, ce sont trois suites symphoniques qui nous parviennent. La première (1882) est en fait une véritable symphonie en trois mouvements (elle devait d’ailleurs porter ce titre à l’origine), remarquable par son élan romantique et son extraordinaire scherzo final, fantastique sinon diabolique à souhait. La suite tirée d’une musique de scène pour le Songe de Strinberg (Traumspiel, 1921) se déroule quant à elle dans un climat très Sécession, entre réminiscences mahlériennes et expressionnisme façon Schreker ou Korngold, tandis que la dernière « Suite de Carnaval dans le style ancien », initialement un intermezzo entre les deux parties de l’opéra en un acte « le gondolier du doge » (1931) est un pastiche brillant de la musique italienne de la Venise de Vivaldi. La réunion de ces trois pages très dissemblables sur un seul CD illustre une nouvelle fois l’extraordinaire versatilité de Reznicek. Interprétation comme toujours irréprochable d’engagement de l’orchestre de Weimar et de son chef. (Richard Wander) Our comprehensive and successful Reznicek edition now presents three very different works – the Symphonic Suite No. 1 (1882), Dream Play Suite (1915 / 21), and Carnival Suite (1932) – which the composer nonetheless assigned to the suite genre. Taken together, they document his compositional and stylistic development over the decades. Moreover, they are performed by an orchestra that Reznicek himself once had conducted for a short time: the Weimar State Orchestra. His Symphonic Suite is more like a three-movement symphony for full orchestra. It is clearly audible that here Reznicek is not concerned with motivic work and thematic fission but with the contrast of moods. The harmony and the instrumentation leave little doubt about its source of inspiration in Wagner. The suite from the incidental music to Strindberg’s Dream Play is a series of short, atmospherically dense musical pictures, and in terms of its compositional history the Carnival Suite is a symphonic intermezzo dividing the opera Gondoliere des Dogen into two parts. In the manner of a Baroque suite, it consists of seven parts: March – Introduction – Pierrot and Columbine – Gigue – Furlana – Passepied – Aria – Gypsy March. The relation of the suite to the rest of the opera music results from the circumstance that here too the rhythm of the Furlana (dance from the Friuli region) is omnipresent.
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