Emanuel Siprutini (?1730-1790)
Six Solos pour violoncelle et basse continue, op. 1


Claudio Ronco, violoncelle
Emanuela Vozza, basse
(instruments d'époque)

On sait peu de choses de la vie du compositeur Emanuel Siprutini (alias Emanuel Shiprut) sinon qu’il est né dans les années 1730, mort à Londres vers 1790, qu’il est d’ascendance juive par ses parents d’origine néerlandaise. Les premières sources font état d’une série de concerts qu’il donna aux Pays-Bas vers 1751. Il s’établit à Londres quelques années plus tard dans le but de se faire naturaliser puis devient professeur de violoncelle. Il y fréquente un autre violoncelliste Giacobbe Cervetto juif lui aussi et fortuné qui l’introduit dans la bonne société londonienne. Il débute alors une prestigieuse carrière de soliste, encouragé par Léopold Mozart et émaillée de concerts dans différents lieux de la capitale aux côtés du violoniste Felice Giardini, de Jean Chrétien Bach au clavecin et du gambiste Carl Fiedrich Abel. Cet op. 1 un recueil de six sonates pour deux violoncelles, publié en 1756, se caractérise par un style débridé et fantasque évoquant à la fois Boccherini et celui du virtuose Salvatore Lanzetti influence probable du compositeur. L’improvisation y jouait sans doute un grand rôle car l’écriture est tout sauf prévisible. Le dialogue des deux instruments, ponctué de rebonds et de smachs relance le discours musical et le jeu en permanence par des attaques récurrentes de l’archet. On remarque d’ailleurs la prééminence de mouvements vifs et d’affects virils laissant aucune place à la tendresse et à la mélancolie. Interprétation souveraine du duo Claudio Ronco / Emanuela Vozza qui rivalisent ici de malice et de vélocité. (Jérôme Angouillant)

This publication completes the entire oeuvre of cello sonatas composed and published in London by Emanuel Siprutini between 1756 and 1774 as Op.I, III, V, VI and VII. Born in Holland or Portugal into the Jewish family of Shiprut, he came to England following the “Jewish naturalization act” established in 1753 by King George II of England, settling in London as a wine merchant, virtuoso cellist and cello teacher. Little information about him comes from the letters of Leopold Mozart, who met him in London in 1764 during his stay in England with his prodigious son, still a child. John Crosdill, the most famous English cellist of the eighteenth century, was Siprutini’s student until his debut as a concert performer.