Egon Wellesz Quatuors à cordes n 2 5 & 7 Aron Quartet - CPO555617 - CPO - Classique

Un abîme sépare le Quatuor en sol mineur (1916) où Egon Wellesz ignore encore les systèmes sévères qui formeront sa syntaxe de maturité et le ton roide, amère, enténébré et d’une rigueur étouffante du Septième Quatuor (1948). Les Aron soulignent ce grand écart, convoquant Schoenberg et plus encore Zemlinsky dans les quatre mouvements de l’opus 20, le jouant comme une Kammersymphonie, et les rigueurs du diptyque du Septième Quatuor, dont l’Adagio et Fugue est un impressionnant tombeau. Dans le cycles des Quatuors – deux autres opus suivront – le Septième est ce point de bascule que le Cinquième envisageait déjà, écrit dans la ténébre de la seconde guerre (1944). Ses trois mouvements se referment aussi sur un tombeau : les Aron lui donnent une profondeur spectrale, laissant encore paraitre un lyrisme assez Seconde Ecole de Vienne, qui s’efface peu à peu au long de l’"In Memoriam". La tentation de l’abstraction s’impose, et aussi d’un certain desséchement hélas, que les quatre amis essayent d’éviter, mais la grammaire implacable de ce compositeur cérébral résiste, aussi inquiétante que parfaitement maitrisée. Est-ce le début d’une intégrale qui viendrait ajouter un nouveau regard à l’anthologie des Artis ? On peut l’espérer. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Il y a une vingtaine d’années déjà, CPO avait contribué à la résurrection de l’œuvre d’Egon Wellesz en gravant les neuf symphonies sous la baguette de Gottfried Rabl. Aujourd’hui, l’éditeur propose trois des neuf quatuors du compositeur, dont l’association traduit bien son évolution esthétique et humaine. Le vaste deuxième (1916) est l’œuvre d’un élève de Schoenberg qui allie post-romantisme et expressionnisme entre véhémence quasi-orchestrale et lyrisme exacerbé. Le cinquième (1944) est la première composition du musicien après cinq années d’un silence engendré par la guerre, l’exil en Angleterre et s’achève significativement sur un grand mouvement lent au lyrisme désolé baptisé « in memoriam ». Wellesz lui-même le décrivait comme « un adieu à ma vie antérieure et aux amis de ma jeunesse et de ma maturité ». Le septième (1948) est un sobre diptyque associant un court moderato à un vaste adagio et fugue. Les Aron qui ont précédemment gravé des pages de musique de chambre de Schoenberg, Korngold, Gal et Bruno Walter naviguent avec une confondante aisance dans ces œuvres supérieurement écrites mais aussi exigeantes et assez austères. Espérons que le cycle entier sera bientôt disponible. (Richard Wander)

While cpo is currently preparing a box set with all of Austrian composer Egon Wellesz' nine symphonies, the Aron Quartet has begun recording a cycle of his string quartets. This contemporary of Alban Berg and private pupil of Arnold Schoenberg had a remarkable life and career, both in that genre as well as in orchestral music. His career began at the end of the post-Romantic period, whose signs of harmonic dissolution could no longer be overheard, but whose Romanticism was expounded upon in all of its autumnal charm. Later, we witness a constructive reorientation that reveals the strict architectural underpinnings of chamber music without compromise. The interplay, migrations and transformations of motifs, the shifting force fields between the individual voices, the dynamic urge to break new ground – all invite the listener to participate with intensity and fascination.