Dvorák Glinka Musique de chambre Zhang Braica Haba Quartett - HC24034

Les excellentes interprétation du second Quintette avec piano de Dvorák op. 81 (1887) ne se comptent plus, sans toutefois qu’il en existe une qui surclasse toutes les autres, et notamment celle de György Sándor qui avait marqué le début des années 60, accompagné par le Berkshire Quartet (1916) dans sa composition moderne : David Dawson, Fritz Maag, Irving Ilmer, Urico Rossi (VBX51 ou STPL 513.340). L’enregistrement proposé aujourd’hui par Haiou Zhang (1984) rivalise enfin avec le précédent par l’engagement aussi sincère que puissant de chacun des interprètes, l’alacrité des rythmes et l’expressivité des intonations des cordes qui chantent dans leur arbre généalogique. Haiou Zhang fut à l’école du grand pédagogue Bernd Goetzke, douzième prix en 1978 du Concours Reine Elisabeth, et héritier lui-même de Kempf, Arrau et Michelangeli. Accompagné ici par l’excellent Quatuor Hába (1946 avec Dušan Pandula, premier violon, puis 1984 : Sha Katsouris, Artur Podlesny, Peter Zelienka, Arnold Ilg). Il livre une interprétation d’un naturel profond et stylé qui captive immédiatement. Écoutez par exemple le lyrisme de l’introduction au violoncelle du premier mouvement, les alternances méditatives ou élégiaques et animées de la Dumka qui lui succède, et vous serez conquis. Les mêmes qualités se retrouvent dans l’interprétation du Grand Sextuor (1832) en Mi bémol majeur de Glinka, dont la tonalité aux trois bémols est particulièrement adaptée à l’exubérance concertante et romantique de la pièce que lui avaient inspirée son séjour à Milan puis à Naples, et sa connaissance des œuvres de Mendelssohn, Field, Weber ou Hummel aux styles proches. La Barcarole de son second mouvement y gagne une séduction immarcescible à laquelle on ne saurait résister. Nous faisant ainsi parcourir des territoires géographiques — de la Bohème à l’Ukraine et à la Russie avec une plaisante excursion italienne — aux humeurs musicales variées, cet enregistrement est indéniablement à recommander. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)