Ernö von Dohnányi (1877-1960)
Sonate pour violon en do dièse mineur, op. 21
Sérénade pour trio à cordes en do majeur, op. 10

Richard Strauss (1864-1949)
Sonate pour violon en mi bémol majeur, op. 18

Hellen Weiß, violon
Paul Rivinius, piano
Wen Xiao Zheng, alto
Gabriel Schwabe, violoncelle

C’est incontestablement la Sonate pour violon et piano de Strauss, placée ici en fin d’enregistrement, qui est l’œuvre la plus jouée de ce programme. L’archet à la fois chaleureux et brillant de la violoniste allemande évoque les ombres de Schumann et de Brahms qui traversent la partition encore juvénile. Hellen Weiss "chante" cette musique avec élégance, évitant toute surcharge expressive, privilégiant la cohérence narrative, aidée en cela par le clavier vigilant et précis de Paul Rivinius. Compositeur et chef d’orchestre hongrois, Dohnanyi entama une carrière de pianiste après avoir reçu le soutien de Johannes Brahms, d’Eugen Albert et de Hans Richter. Béla Bartók et Zoltan Kodaly furent partie de ses étudiants. Son œuvre est profondément marquée par la tradition germanique héritée de Schubert et de Brahms, mais aussi de la culture hongroise. Bâtie en cinq mouvements, la Sérénade alterne entre épisodes vifs et nostalgiques. Malgré le terme de "sérénade", Dohnanyi a voulu que le lyrisme de la pièce soit structuré avec une rigueur comparable aux modèles des trios de Haydn et des cassations de Mozart. Les interprètes traduisent avec beaucoup de vivacité le caractère anguleux, lyrique et passionné de cette musique, l’une des plus enregistrées du compositeur. En ouverture de disque, la Sonate pour violon et piano de Dohnanyi suggère l’influence de Brahms. L’archet d’Hellen Weiss est d’une belle mobilité, nourrissant avec tempérament un discours empreint de nostalgie. Une belle réalisation. (Jean Dandrésy)

A meeting of prodigies – that could be the title of this album, which combines three works of two great Romantic composers. While one of them Ernst von Dohnányi, still needs to be championed in practically all areas, for he is even today overshadowed by his younger, more famous countryman Béla Bartók, the other, Richard Strauss, has no need of this, since he has already conquered the world with his symphonic tone poems and operas; but his chamber music still needs some powerful advocacy – especially the large-scale Violin Sonata in which the 23-year old composer already seems to breathe the zesty air of Don Juan and Rosenkavalier. It is palpable that violinist Hellen Weiss, violist Wen Xiao Zheng, cellist Gabriel Schwabe and pianist Paul Rivinius are thoroughly enjoying the tasks they have set for themselves...