Quelques rares disques ont révélé le nom de l'allemand Hugo Distler, compositeur et organiste né à Nuremberg qui, après avoir obtenu un poste d'organiste et de Kapellmeister à Lübeck, enseigna la composition et l'orgue à Stuttgart puis à Berlin. Refusant d'être enrôlé pendant la guerre et harcelé par les nazis il finit par se suicider au gaz à l'âge de 34 ans. Sur sa tombe cet extrait de l'évangile selon Saint Jean « "Dies habe ich zu euch gesagt, damit ihr in mir Frieden habt. In der Welt seid ihr in Bedrängnis ; aber habt Mut : Ich habe die Welt besiegt" montre sa foi inébranlable dans le christianisme. Son premier succès public avant d'être mis au ban par la dictature, il le doit à son recueil de chant choral d'après des poèmes d'Eduard Mörike : "Mörike-chorliederbuch" créé à Graz en 1938 et considéré à l'époque comme le plus grand recueil de musique chorale profane du vingtième-siècle. Dans ses œuvres liturgiques, Distler cultivait une écriture atypique et singulière empreinte de gammes pentatoniques et de l'héritage de Schütz. Riche de contrastes et d'affects, alternant légèreté et gravité, enjoué ou mélancolique, le "Morike-chorliederbuch" présente une écriture plus ouvertement mélodique et d'une envoûtante délicatesse (Merveilleux "Lieb in der Tod"), renvoyant plutôt aux "Liebeslieder" de Brahms. Perfection de l'intonation, justesse de l'expression, la musique de Distler ne pouvait rêver mieux que ce Vokalensemble berlinois. (Jérôme Angouillant)

Le fameux Mörike-Chorliederbuch, op. 19 qui, lors de sa création en 1939, a incité les critiques à annoncer « Le début d’une nouvelle ère chorale » ! / Le style novateur et émergent de Distler, sa capacité à extraire du chœur une impressionnante diversité de couleurs, déployée suivant le contenu et l’expression de chaque poème abordé, son art à créer des rythmes variables développés totalement en dehors du rythme du texte, comme si la mélodie émergeait du texte, font de cette œuvre un monument du répertoire choral. Un disque à ne pas manquer !