 Heinz Holliger s’immerge depuis seize ans dans l’œuvre de Charles Kœchlin. Cela devait bien le mener à Debussy. Il y entre par la grande porte –a lors qu’il aurait pu commencer par Khamma, justement orchestrée et finalisée par Kœchlin – gravant les Images, les deux Rapsodies et le Prélude à l’après-midi d’un faune. Orchestre en pastel de gris – même pour Iberia ce qui en surprendra plus d’un – direction large qui veut poursuivre un rêve quasi érotique partout. Holliger se regarde dans le miroir de l’orchestre debussyste avec presque trop d’abandon. Je n’avais pas entendu cette sensualité irradiante depuis Inghelbrecht ou Cluytens, les couleurs en moins. Pour gris qu’il soit, et composé avec l’art de la syntaxe qu’on connait à Holliger, ce Debussy dont l’harmonie perd plus que jamais ses repères tonals fascine. Moderne et mystérieuse à la fois, absolument « in-analytique » – l’opposée de celui de Pierre Boulez- cette manière de faire sonner l’orchestre debussyste atteint son acmé dans un Prélude où la flûte de Tatjana Ruhland n’est qu’une pamoison. Plus de faune, mais la sonorité même du songe. Je referme le disque absolument pas convaincu mais d’autant plus admiratif (Discophilia, Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)  Cet excellent programme orchestral rassemble deux chefs-d'œuvre fréquemment enregistrés de Debussy, « Images » et « Prélude à l'après-midi d'un faune » ainsi que les deux rhapsodies, beaucoup plus rares au disque. Le chef d'orchestre Heinz Holliger, également compositeur et hautboïste reconnu, créateur de nombreuses œuvres contemporaines nous donne de ce répertoire une vision toute personnelle. On est d'emblée frappé par l'attention extrême portée aux timbres et à la transparence de l'orchestre, dans des tempi particulièrement retenus (avec 11 mn 35, le Prélude est certainement l'un des plus lents de toute la discographie). Cette approche vaut par ses nombreux alliages sonores inouïs : écoutez par exemple le début de « Gigues » où, sur un infime vibrato des violons, les interventions des bois répondent aux arpèges du célesta en créant un univers poétique et étrange. Ces interprétations mettent aussi particulièrement en valeur le caractère chorégraphique de ces pages. L'univers sonore est ici proche de celui de « Jeux », le ballet de Debussy mais également de « Petrouchka » ou de « L'oiseau de feu » de Stravinsky, voire même du Ravel de Daphnis et Chloé, dans un Prélude débordant d'émotion. (Denis Jarrin)  The "Afternoon of a Faun“ together with the orchestral "Images" are among Claude Debussy’s best known and most popular compositions. Both works show different sides of the composer : "Afternoon of a Faun" is a textbook example of musical impressionism, while about the "Images", the composer himself said that his goal was to “try to achieve something different – an effect of reality”. The scores contrast well with the two Rhapsodies: the one for clarinet, called the "first" Rhapsody, was sketched out within a few weeks at the end of 1909, while the "second" Rhapsody for saxophone was only completed and orchestrated after the death of its author. The Stuttgart Radio Symphony Orchestra (SWR) and conductor Heinz Holliger manage to bring out the evocative, dynamic colors and peculiarities to be found in all of these works with precision.
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