Darius Milhaud (1892-1974)
Salade, op. 83, ballet chanté en 2 actes
Le Pauvre Matelot, op. 92, opéra en 3 actes

Mateusz Zajdel, ténor (Polichinelle)
Magdalena Lucjan, soprano (Isabelle)
Natalia Rubis, soprano (Rosetta)
Wojtek Gierlach, basse (Tartaglia)
Krzysztof Lachman, ténor (Coviello)
Krystian Krzeszowiak, ténor (Cinzio)
Robert Gierlach, baryton (Le docteur)
Adrian Janus, baryton (Le Capitaine Cartuccia)
Poznan Philharmonic Orchestra
Lukasz borowicz, direction
(Salade)
- Krystian Krzeszowiak, ténor (Le Matelot)
Natalia Rubis, soprano (Sa Femme)
Wojtek Gierlach, basse (Son Beau-père)
Robert Gierlach, baryton (Son Ami)
Poznan Phiharmonic Orchestra
Lukasz Borowicz, direction
(Le Pauvre Matelot)

C’est un label polonais qui nous propose le premier enregistrement mondial du ballet chanté en deux actes “Salade” (1924) de Darius Milhaud ! Composé en pleine période du “Groupe des Six”, il fait partie de ces œuvres visant à apporter un air de fraîcheur et de renouveau dans la musique française. Comme préconisé dans le manifeste “Le Coq et l’Arlequin” de Cocteau, la création musicale gagnera à s’inspirer de la musique populaire, du cirque et du music hall. Dans “Salade”, c’est la Commedia dell’arte qui inspire Milhaud avec pour personnage principal Polichinelle au sein d’une intrigue amoureuse. La musique y est riche en expressivité et en éclats conférant un dynamisme enjoué et une légèreté appréciable à cette fantaisie. Il est dommage que le texte des œuvres ne soit pas inclus dans le livret de l’album - la diction bien que soignée des chanteurs polonais n’étant pas toujours suffisamment claire pour comprendre les paroles - ce qui aurait rendu cet album parfait tant l’interprétation vocale comme instrumentale rend superbement les ambiances de chaque œuvre. Dans “Le Pauvre Matelot” (1926), inspiré d’un fait divers tragique, l’histoire menant au drame sur un texte de Cocteau est accompagnée d’une musique aux accents populaires de valse et autres rengaines s’associant à des épisodes plus classiques et lyriques. On apprécie à travers ces œuvres rares l’esthétique des années 1920 ainsi que le talent du compositeur intégrant habilement le populaire au savant. (Laurent Mineau)

Impossible de trouver plus dissemblables dans la production lyrique de Darius Milhaud, si peu illustrée au disque, que la fantaisie bigarrée jusqu’à l’acide de "Salade" et le tragique épuré que le livret si parfait de Cocteau inspira à l’auteur de Bolivar, ce "Pauvre matelot" dont l’intrigue est glaçante. Milhaud tenait son drame en trois actes en haute estime, et l’aura enregistré, Lukasz Borowicz le sait bien et ne cherche pas à égaler l’amertume distillée par cette gravure historique. Il porte sur la partition un regard un rien désabusé, qui laisse tout l’espace nécessaire au texte de Cocteau pour faire résonner ses ambiguïtés, et cerne avec poésie les interrogations de la meurtrière comme les ambiances changeantes du bar. Les chanteurs ont soigné leur français et l’on pourra préférer le Matelot de Krystian Krzeszowiak à celui plus pointu de Jean Giraudeau. Pour le grotesque matinée de couleurs provençales de Salade, pas de concurrence, le ballet est mené vif, les musiques d’ameublement des entrées et des brefs incises instrumentales contrastent avec le parlé et le chanté de la troupe de quasi-commedia dell’arte menée grand train par le Polichinelle de Mateusz Zajdel, achevant de rendre l’album précieux. Et si demain Lukasz Borowicz et sa belle troupe se penchaient sur "Esther de Carpentras" ? (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)