Qu’on ne s’arrête pas aux photos discutables du livret ; qu’on ignore la page prêchi-prêcha du psychiatre William Didden, le producteur, pour qui la seule thérapie au péché et au crime est… le pardon. On risquerait de manquer des trésors ! À elle seule un événement : la scène finale de la Salomé de Mariotte, servie ici avec tout le luxe de moyens orchestraux souhaitable, y compris un long lamento obsédant de chœurs en continuo sur lequel s’élancent les éclats d’une grave voix opulente, celle de la slovaque Dagmar Peckova, faite pour les grands cris somptueux d’un Strauss : une Clytemnestre hallucinante, de timbre, quasi mâle, et d’accents farouches, en donne la preuve. La prononciation est irréprochable, jusqu’à dispenser du livret, ce qui, pour Mariotte, est une performance. La basse, Peter Mikulàs, partage d’ailleurs ce don. D’autres pécheresses de haut vol, rares au disque, Marie-Magdeleine, Jocaste, Médée, Kundry, ou souvent interprétées, Dalila, Hérodiade, complètent une galerie fascinante. Aleksandar Markovic dirige ces paroxysmes, rendant même originale la Danse des Sept voiles. On en sort envoûté, et on reprend plusieurs fois l’écoute, pour percer mieux la magie – ou le maléfice. Ils s’y refusent tous les deux, pour notre plus grande volupté ! Une réalisation extraordinaire. (Danielle Porte) The provocative title of Dagmar Pecková’s latest album reflects a remarkable dramaturgic idea conceived by the feted mezzo-soprano herself in tandem with the psychiatrist William Didden. All the characters Pecková portrays on the CD have a common denominator: sin. All the arias are arias sung by sinful women. Each of these women has trespassed against someone and herself alike. "My new album is about sin and forgiveness. I believe that the stories of the sinful women, the music and singing on the album will provide the listener with ample food for thought. Forgiveness is itself a therapeutic phenomenon. Both human relationships and souls need it so as to be healthy," says Pecková, adding: “When you look at mezzo-soprano characters, virtually all of them can be branded sinners. Perhaps it is owing to the darker voice colour...” .
|