Quelques mois après la sortie du disque de Junghwa Lee, voici qu’une autre pianiste rend un bel hommage à Clara Schumann compositrice. Si sa consœur dressait un panorama de l’œuvre, Angela Tirino choisit de se concentrer sur les compositions de la jeune Clara. (Ne doublonnent que les opus 9 et 11). Jeune... en effet ! L’opus 1 date de ses 10 ans, la sonate en sol mineur (la plus tardive des compositions enregistrées ici) de ses 20 ans. Alors, bien sûr, on entendra surtout des œuvres de genre destinées à faire briller ses qualités d’enfant prodige du clavier (danses de salon, romances ou impromptus), mais dès les 4 polonaises on est frappé malgré les multiples influences par l’originalité de la voix qui nous parvient. Les 3 Romances opus 11 de l’adolescente sont magnifiques, les Soirées Musicales brillantes, la sonate très belle, la virtuosité étant partout plutôt au service de la musique qu’une fin en soi (à l’exception du « Souvenir de Vienne » au long duquel l’hymne autrichien est varié en en faisant… beaucoup). L’interprétation d’Angela Tirino joue sur d’autres ressorts que celle de Junghwa Lee : là où cette dernière portait une attention très soutenue aux aspects techniques, la nouvelle venue rejette ceux-ci à l’arrière-plan. On y gagne une plus grande fluidité, une musicalité plus apaisée, mais on y perd sans doute un peu les indications les plus extrêmes (appassionato, furioso, etc.). Si cela induit une pointe d’uniformité à la longue (assez conforme finalement à l’idée d’une musique « de salon »), le résultat d’ensemble est très beau et vaut largement d’être entendu. Une suite, peut-être ? (Olivier Eterradossi) This Album tackles some of Clara Wieck Schumann most representative early works, from the Polonaises op. 1 (written when she was 13) to the sonata in G minor (composed at the age of 20). These pages show the environment in which the young Clara grows artistically, namely pianism of “virtuosity” (under the authoritative, at times even oppressive, guidance of her father Friedrich), the infl uence of Chopin (the Soirées Musicales op.6 ), the almost statutory homage to the Viennese tradition (the Souvenir de Vienne op. 9 dedicated to the Empress of Austria) and, equally obligatory, the sonata that, together with the Romances op. 11, marks the passage to a second, more mature phase – magnifi cent yet tormented - of her life and poetics.
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