 Il existe un "mystère Sinding" (1856-1941), car si son nom est attaché au succès des "Murmures du printemps" op. 33 n° 2, le reste de sa production demeure largement oublié. Pair d’Edward Grieg (1843-1907), Ole Bull (1810-1880), ou de Johan Svendsen (1840-1911), Christian Sinding souffre d’une éducation musicale complexe. Élève de Salomon Jadassohn (1831-1902) à Leipzig entre 1874 et 1877, il n’est guère apprécié par ce dernier qui ne voit en lui qu’un talent musical limité. Mais reprenant deux ans plus tard des études avec Carl Reinecke (1824-1910), il réussit à gagner progressivement l’estime générale dans son pays grâce à ses pièces pour piano, à ses trois symphonies et ses concertos pour piano et violon. Honoré de "plus grand compositeur national depuis Grieg", Sinding, peu de temps avant de mourir, alors qu’il est atteint de démence sénile, adhère obscurément au parti nazi norvégien, ce qui lui a valu un long discrédit. Ses trois Trios pour piano, violon et violoncelle ont été respectivement composés en 1893, 1902 et 1908. Dans la forme traditionnelle tripartite, ils offrent des atmosphères où se mélangent curieusement les influences de Schumann et de Wagner. Sans doute le dernier est-il le plus abouti, mais les deux précédents ne manquent cependant pas d’intérêt : l’intrication des lignes mélodiques tissées par les trois instruments de l’opus 23 semble inspirée par l’esthétique de l’Art Nouveau ; l’opus 64, quant à lui, paraît subir les effets de l’impressionnisme d’époque au service d’un talent certain à mêler Fauré à Debussy. Les interprètes du Trio Hyperion, Hagen Schwarzrock (piano), Oliver Kipp (violon), et Katharina Troe (violoncelle), s’investissent pleinement dans leur quête d’assurer une véritable reconnaissance des talents de Sinding et offrent une plaisante occasion de pénétrer une œuvre qui mérite peut-être mieux qu’un nom dans le "New Grove Dictionary of Music and Musicians". (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  Christian Sinding is one of those unfortunate composers who owe their world fame to a single piece. Rustle of Spring immortalised his name and, despite its brevity, overshadowed the rich oeuvre of the Norwegian, who was once considered the legitimate successor to Edvard Grieg. And this despite the fact that he did not rely on his country’s folk music, but on the great genres of Central Europe, which he contributed to with four symphonies, three violin concertos and a great deal of chamber music. Among them are three elegant, expressive, artful, vividly orchestrated, and exceptionally beautiful piano trios, which with this release expand our already unrivalled Sinding catalogue. The Six Pieces for cello and piano are also of the highest quality. They form a precious, ultra-Romantic ‘encore’ that is also featured as a first recording here.
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