Cavalli et Mozart ont en commun d’avoir, peu de temps avant leur mort, composé un Requiem. Mais la comparaison s’arrête là. On connaît les légendes qui sont nées autour de celui de Wolfgang Amadeus. Rien de tel chez Cavalli : sentant sa mort prochaine, comme le laboureur de la fable, le Vénitien a choisi d’écrire une messe qui serait son opus ultimum, en l’assortissant d’instructions sur son exécution à l’occasion de ses funérailles. Voici l’homme du 17eme siècle baroque, dont on imagine peu la célébrité liée à ses nombreux opéras - le père du genre en quelque sorte – qui, voyant sa fin arriver, compose une messe dans le stile antico, où est patente l’influence de Palestrina via Tomas Luis de Victoria ! Synthèse, dans un geste ultime, d’une vie attachée comme nulle autre à Saint Marc de Venise. Il manquait une version « moderne » de l’œuvre… c’est-à-dire réellement « ancienne ». Car la connaissance ne cesse de progresser et les versions concurrentes, quelles que soient leurs charmes, ont au moins vingt ans d’âge. Alexander Schneider a choisi d’enrichir ce Requiem en y incorporant des Motets de Grandi. Le résultat est confondant de beauté intériorisée. Point d’opéra ici mais un tombeau musical d’une rare élévation spirituelle. Splendide ! (Yves Kerbiriou) When Venetian opera experienced its true blossoming in the mid seventeenth century, Cavalli’s works numbered among the main attractions. Indeed, he was one of the most productive composers in the city on the lagoon, and his works greatly influenced the still young genre. However, apart from his almost thirty preserved operas, he was also prolific in the area of church music. As a singer, organist, and, from 1668, maestro di capella, he remained closely linked to Saint Mark’s Basilica his entire life, composing Masses, vesper cycles, and oratorios. The Requiem was composed toward the end of his life as a personal funeral Mass. Cavalli left behind precise instructions for the organization of his funeral ceremony. The work was to be performed by an opulent ensemble and repeated twice a year in honor of his memory. However, his Missa de profundes soon fell into oblivion. On this touching recording, Ensemble Polyphonique, under the direction of Alexander Schneider, has complemented Cavalli’s Requiem with motets and sacred concertos by Alessandro Grandi, who was likewise active at Saint Mark’s in Venice. The innovation and theological-philosophical sophistication of Cavalli’s Requiem endures in its epoch-spanning impact. The music of this piece takes us musically to the time of the late Renaissance, shows us the High Baroque, and looks ahead to the era of sentimentalism
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