 Confier curieusement à une voix de femme (Emily Van Evera), le rôle de Cain ? Sans doute. Verte, raide et précise, cette voix désincarnée permet de saisir chaque parole d’un très beau texte, dans une expressivité remarquable, sur un chant linéaire, d’une déclamation sobre et dépouillée : « Chaque souffle, chaque ruisseau me paraît être le sang d’Abel, la voix de Dieu ». Ce lamento de Pasquini, est un ajout bienvenu. L’essentiel du disque, l’oratorio de Marazzoli : Santa Caterina, relate le martyre de la fille du roi d’Alexandrie, qui tient tête à l’empereur Maxence, fou de rage, pour affirmer que le Christ est le seul dieu, et se voit condamnée à la torture. L’originalité de l’œuvre est que l’intérêt se concentre sur l’échange entre les soldats et la vierge conduite au supplice. Arias de virtuosité, récitatif dramatique se succèdent pour un ensemble très attachant. Un choix affirmé : confier le rôle-titre à une voix de jeune fille (Katherine Watson) pour compenser l’injustice faite aux femmes par les papes qui les remplacèrent par des castrats ! Remarquable basse, dans le rôle de Maxence : Christian Immler. Un madrigal à cinq voix aux harmonies audacieuses clôt magistralement l’œuvre. (Danielle Porte)  Deux histoires effroyables, tel est le contenu de cet album. La première est celle du refus de la docte Sainte Catherine d'épouser l'empereur Maxence, car liée au Christ par un indéfectible mariage mystique. Elle sera vouée aux pires supplices, dont elle sortira indemne. L'Oratorio de Marazzoli, en deux parties, nous livre la programmation dramatique, celle de l'amour déclaré de Maxence (la basse Christian Immler) qui reste sans effet sur Catherine, puis la montée de la colère de ce dernier. La deuxième est celle de Caïn et Abel, un acte fratricide entrainant la malédiction de Caïn dans un lamento poignant qui représente un terrain d'élection pour la veine musicale baroque. Variété d'états d'âme, de sentiments, Katherine Watson est une Catherine au-delà des contingences humaines. Elle est accompagnée de musiciens courageux, dont le talent va droit au cœur de ces compositions difficiles. (J.M.)  In Lamentarium, the first recording of our Reliquie di Roma series, we laid the four cornerstones for a 17th-century ‘Roman’ city of ladies with the tragic laments of Helen of Troy, Queen Artemisia, Mary Magdalene and the Virgin Mary. In this second recording we raise an edifice to St Catherine. Our ‘martyr drama’ in the form of an oratorio continues from here in rich and elaborate baroque style, with prolonged and agonising suffering and torture ultimately leading to Catherine’s sublime and victorious death. Lelio Orsini, one of Rome’s most eminent librettists, vividly conveyed the narrative in elegant poetry, which Marco Marazzoli dramatically and extravagantly enhanced in the full-scale Oratorio di Santa Caterina. It was in 1975 that I first encountered Pasquini’s oratorio Cain e Abel in the Vatican Film Library at St Louis University (USA), when a fellow student showed me a copy of the manuscript. This chance discovery propelled my lifetime career as a lirone player, but more importantly fuelled an enduring interest in the instrument’s extraordinary repertoire and its fascinating cultural ambience. Thirty-five years later I have finally been able to realise the dream of recording, staging and filming a considerable amount of Rome’s vast and extraordinary repertoire for our series Reliquie di Roma. And in this second recording, it is with great satisfaction that we can finally share Cain’s lament with the musical public.

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