Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 1 en ut mineur, WAB 101
Symphonie n° 2 en do mineur, WAB 102 (Deuxième version originale de 1877)
Symphonie n° 3 en ré mineur, WAB 103
Symphonie n° 4 en mi bémol majeur, WAB 104 "Romantique"
Symphonie n° 5 en si bémol majeur, WAB 105
Symphonie n° 6 en la majeur, WAB 106
Symphonie n° 7 en mi majeur, WAB 107
Symphonie n° 8 en do mineur, WAB 108 (Haas Edition, 1939)
Symphonie n° 9 en ré mineur, WAB 109
Symphonie n° 00 en fa mineur, WAB 99 "Symphonie d'études"
Symphonie n° 0 en ré mineur, WAB 100 "Nullte"

Wiener Philharmoniker
Christian Thielemann, direction

Le croira-t-on, les Wiener Philharmoniker enregistrent ici sous la même baguette et dans un cycle cohérent toutes les symphonies de Bruckner pour la première fois. Christian Thielemann, qui en fait l’âme de son art, aura imposé sans vrai résistance de leur part qu’ils ajoutent à leur répertoire les deux "symphonies d’étude", pour nos oreilles françaises outrageusement dénommées "nullte" ( seule celle en ré mineur garde le numéro 0). Mais nullte en allemand signifie simplement ce vide empli de promesses à venir et ne comporte aucune notion péjorative. La qualification était de toute façon apocryphe. Un cycle ? Deux cycles ! Sony capture le seul son des concerts alors que Cmajor, par le biais des ingénieurs d’Unitel ajoute l’image et une définition sonore différente qui précise encore la singulière poétique de cette lecture à revers des âpretés et des vigueurs que la première version de Günter Wand avec l’Orchestre de la Radio de Cologne avait inaugurée, où s’engouffreront Eliahu Inbal, Georg Tintner et Stanislaw Skrowaczewski et qu’avait anticipées Heinz Rögner. Pour Thielemann, Bruckner c’est l’éternité, et pour son art l’occasion de se fondre absolument avec le temps long et le geste éloquent qu’y distillait Wilhelm Furtwängler. Comparaison n’est pas raison si ce n’est que cette fois il s’agit d’adéquation. Pour les Symphonies dont Furtwängler nous aura laissé traces, on pourrait appliquer un calque et le reporter sur celles de Thielemann, le trait n’en varierait pas beaucoup, ni l’esprit. Ce qu’ajoute "l’héritier" est une fluidité hédoniste qu’il avait déjà essayé de faire émaner des munichois et des dresdois. Inutile de souligner que les Viennois la lui offrent, au point que Thielemann succombe au vertige de les écouter. Rien de narcissique pourtant, le temps s’arrête et n’est pas reflet, mais pure immobilité dans cette musique devenue absolument fluide, paradoxe qu’un vidéaste pourrait peut-être rendre par la technique, mais qui en musique est pure magie. Quel cycle choisir ? On n’est pas certain que le son de l’un et l’image de l’autre puissent se synchroniser, les prises sont réalisées au long des diverses soirées se succédant dans un laps de temps resserrés, et les 4 et 7 toutes deux captées à Salzboug ; les Blu-ray ajoutent les passionnantes conversations avec le chef, cela fera certainement pencher la balance d’autant que l’image fascine aussi dans le domaine du pur magnétisme. La prise de son assez concert de Sony, captant l’image sonore globale, captant l’acoustique des salles déconcertera certains, la précision fanatique du son optique en agacera d’autres, mais le cycle est de toute façon historique et mérite d’offrir ces deux visages. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Désormais le cycle des onze symphonies de Bruckner gravées par les Wiener Philharmoniker sous la baguette ô combien inspirée de Christian Thielemann est disponible à la fois sous forme de dix DVD et sous celle de ce coffret de cinq Blu-Ray. On y retrouve la splendeur de l’orchestre et la hauteur de conception du plus grand chef allemand d’aujourd’hui au sommet de son art, chef et orchestre communiant comme rarement dans la célébration du maître de Saint Florian que ce soit au Musikverein ou au Festspielhaus de Salzbourg. De cet ensemble se détachent les deux symphonies sans numéro, que Thielemann parvient à hisser au niveau des neuf grandes ainsi qu’une phénoménale cinquième ; mais à dire vrai toutes se situent parmi les plus réussies d’une discographie devenue pléthorique. En bonus, les entretiens avec Johannes-Leopold Mayer exposent au passage l’étonnante appropriation des partitions par Christian Thielemann et sa connaissance quasiment encyclopédique des œuvres et de leurs différentes versions (à noter que par rapport au cycle dresdois précédemment gravé par le maestro pour le même éditeur la symphonie n°1 est jouée dans sa révision de Vienne et non sa version originale de Linz d’une part, que les deux symphonies sans numéro ne figuraient pas dans le coffret de Dresde d’autre part). A vous de choisir le support, Blu-Ray ou DVD (et les CD devraient bientôt être disponibles chez un autre éditeur) mais en aucun cas vous ne le regretterez car des nombreuses parutions brucknériennes mises sur le marché à l’occasion du bicentenaire de la naissance de compositeur en 2024, celle-ci est la plus homogène et la plus inspirée. Un cycle à marquer d’une pierre blanche. (Richard Wander)

On the occasion of the Bruckner bicentenary, the Vienna Philharmonic recorded its first ever complete Bruckner cycle with a single conductor, Christian Thielemann. In addition to the well-known canon of nine symphonies, the two earliest Bruckner symphonies in F minor and D minor were also recorded for the first time in the orchestra’s history. This uniquely complete edition from the Musikverein and Salzburg Festival, featuring 11 symphonies also includes extensive conversations with Christian Thielemann about each symphony and insights into his rehearsal work.