Brahms Die Schöne Magelone Borkh Jarnot März - C050041 - Orfeo - Classique

Le statut très particulier de la "Belle Maguelone" protège le mélomane des déceptions parfois inévitables dans les contrées les plus fréquentées du Lied. Seul cycle de Brahms, alternant chant et récitation, composé sur mesure et avec les conseils du baryton Julius Stockhausen, inspiré, c’est assez inhabituel pour un compositeur allemand, d’une légende médiévale provençale riche en rebondissements et en invraisemblances, cela nous donne l’œuvre la moins universelle du musicien hambourgeois. De là une discographie réduite, mais de grande qualité, au sommet de laquelle trônent pour encore longtemps Fischer-Dieskau et Richter. Le disque qui nous occupe y tient dignement son rang. Surprenante Inge Borkh. Après tant d’"Elektra" et de "Salomé" incendiaires, on pouvait s’attendre à une vision épique. L’artiste allemande en prend l’exact contre-pied, et nous narre un conte pour enfants avec une conviction où perce une certaine tendresse. Avec son timbre de hautbois, velouté et élégant, qui n’est pas sans rappeler son devancier Fischer-Dieskau justement, Konrad Jarnot joue avec succès la carte du merveilleux, en parfaite entente avec son accompagnateur Carl-Heinz März, qui met tout le romantisme du jeune Brahms dans son piano. Un très beau disque. (Olivier Gutierrez)