 Depuis 1998 se tient en juin un festival de musique de chambre dans l'étonnant lieu de la centrale hydro-électrique de Heimbach en Allemagne. Cet album reprend des enregistrements de la saison 2012. D’un caractère primesautier, le Scherzo (1882) pour violoncelle et piano est l’œuvre d’un jeune Debussy. Au crépuscule de sa vie, sa Sonate pour violon et piano (1917), exigeante techniquement, exprime tant un caractère raffiné que vif et fantasque avec ses lignes claires et ses harmonies colorées. De la même année date le diptyque “D’un soir triste” et “D’un matin de printemps” (1917) de Lili Boulanger, ici dans une version pour violon, violoncelle et piano. La première pièce est un long lamento aux harmonies changeantes, sombre et poignant, quand la deuxième est d’une frénésie enivrante aux traits perçants symbolisant la vigueur du renouveau printanier. À la mort de sa sœur, Nadia Boulanger ne devait plus jamais composer. La grâce mélodique, les couleurs raffinées et le caractère affirmé de ses Trois pièces pour violoncelle et piano (1915) témoignaient pourtant d’un talent prometteur. D’un langage moderne associant éclats lyriques, ruptures rythmiques incisives, frottements harmoniques et écriture contrapuntique recherchée, entre modernité et néo-classicisme, le Trio pour violon, alto et violoncelle (1933) de Hindemith n’avait certainement pas les critères requis pour plaire aux dirigeants de l’Allemagne tout juste conquise par les Nazis. Cet album a le mérite de mettre en avant des talents variés et remarquables tant du côté des compositeurs que des interprètes. (Laurent Mineau)  Debussy était mourant quand il compléta cette sonate, la dernière des trois terminées. Elle commence avec un Allegro Vivo, suivi d’un Intermezzo et d’un final « très animé ». Ce n’est pas la plus grande sonate du répertoire mais c’est du Debussy…. Hindemith créa son deuxième trio en 1933. Comprenant trois mouvements, le trio date de la période où Hindemith expérimentait avec de nouvelles formes de polyphonie. Le mouvement initial est assez fluide, suivi d’un scherzo, Lebhaft, suivi lui-même du dernier mouvement qui est en deux parties : un Siciliano qui se termine en un tourbillon d’énergie. Lili, sœur cadette de la plus célèbre Nadia et la première femme à gagner le Prix de Rome, composa les Deux Morceaux en 1917 juste avant sa mort prématurée à l’âge de 24 ans, œuvres tristes et émouvantes comme l’était sa courte vie. Nadia devint la plus célèbre professeur de composition du 20e siècle. Son œuvre comprend les Trois Morceaux pour violoncelle et piano qui sont raffinés, presque impressionnistes, passionnés et émouvants. En bonus, le Scherzo pour violoncelle et piano de Debussy découvert en 1995. (Alan McKay)

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