 Comment dire ? J’espérai un peu plus de furia, d’élan dans l’appel qui ouvre la Hammerklavier. Marc-André Hamelin ne retient pas les leçons impérissables professées par Arthur Schnabel : tout risquer. Il contient, mais construit aussi, piano évidemment magnifique, jusque dans les jeux de timbres des appels de trompettes, piano orchestre, et toujours d’une lisibilité plus scrupuleuse qu’absolument inspirée. Ce sera l’écueil, loin d’être fatal, mais tout de même, deux minutes de Schnabel où même du jeune Kempff vous annule cela d’un trait, pour en rien dire d’un Adagio tout sauf sostenuto. Alors j’écoute ce beau piano pas vraiment imaginatif, et au fond assez prévisible, à peine mieux appariée à la Deuxième Sonate, j’admire la maestria, et puis je m’ennuie : l’esprit manque, la folie, surtout cette musique, comme venue d’un autre monde, sonne soudain si domestique, si à portée de la main, et les fulgurances fascinantes du virtuose n’y peuvent rien changer : Beethoven s’est échappé. (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)  Véritable "Himalaya" de l’œuvre pour piano de Beethoven – certains pianistes affirment qu’elle est, à leurs yeux, ce que la Neuvième Symphonie est pour un chef d’orchestre ! - la Sonate dite "Hammerklavier" nécessite tout autant une pensée analytique qu’une virtuosité exceptionnelle. Deux qualités que détient le pianiste canadien. Son extraordinaire performance de la sonate culmine dans le finale qui équilibre à la fois l’étude sur les timbres et les dynamiques (Beethoven fut inspiré en 1829 par la réception d’un superbe piano des ateliers de Johann Andreas Streicher). Sa prestation impressionne d’autant plus que l’interprète associe à la fois l’esprit de la déclamation secrète et tourmentée, mais aussi le résultat prodigieux d’une série d’improvisations que Beethoven semble avoir concentrées dans l’œuvre. Rigueur et liberté de ton sont magnifiées grâce à une prise de son qui radiographie les plans sonores comme rarement. Carl Czerny, disciple de Beethoven, avait raison lorsqu’il affirmait que "la fugue, l’un des morceaux de musique les plus difficiles doit être travaillée lentement et par petits bouts, après avoir étudié beaucoup de fugues de Haendel et de Bach". La Sonate n° 3 (la dernière de l’opus 2) est d’une virtuosité propre à séduire les publics les plus exigeants. Le compositeur y manie tout autant le recueillement dans l’Adagio que l’ironie dans le Scherzo. C’est une symphonie en abrégé que Marc-André Hamelin anime avec une verve et une énergie réjouissantes. Un très beau disque de l’un des grands maîtres du clavier d’aujourd’hui. (Jean Dandrésy)

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