 Pavel Kolesnikov ne fait rien comme autrui. Un disque Beethoven oui mais alors sans aligner trois ou quatre sonates, deux suffiront. Et quel choix ! La petite « Sol majeur op. 14 n°2 », pure pièce d’humeur, de fantaisie, qui permet au jeune pianiste de distiller des couleurs en estompe, et de faire usage d’une pédale virtuose. Il faut entendre comment il compose les images sonores du finale, ce presque rien où Haydn semble s’être invité. Surprendre dans la « Clair de lune » semble plus improbable, mais pourtant il y parvient : il entend le sostenuto noté par Beethoven pour « l’Adagio » comme un sostenuto rythmique, tempo rapide tel celui d’un astre lointain qui tournerait sur lui-même, le tout murmuré dans les feutres des marteaux, théâtre d’ombre pour une lune couleur d’amande, pâle, hivernale. Quelle vision dans ce presque silence, si ce n’est pas d’un magicien, ce son là ! « L’Allegretto » posé, se regarde dans le miroir, mystérieux avec ses rallentandos, étrange ! Alors que le Presto agitato est un galop dans la brume. L’album s’ouvre par quatre pièces brèves, ponctuations dites avec une sorte de réserve, de distance, même dans les deux Allegretto assez pince sans rire. L’ombre de Haydn à nouveau ? En son centre, les « Bagatelles op 33 » étonnent par leur ton musardant, leur fantaisie sans nuage, quelque chose de lisse qui les met à cent lieux des fantaisies d’un Stephen Bishop. Etrange là encore, mais fascinant, alors que les « Variations sur un thème original » manquent soudain d’incarnation : il ne faut pas avoir Gilels en tête. Bémol mineur pour un disque majeur, qui me donne envie d’entendre Kolesnikov chez Haydn (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)  The ‘abundance of intelligence’ in Pavel Kolesnikov’s pianism which so impressed Gramophone pays particular dividends in Beethoven, the ‘Moonlight’ sonata sounding newly minted in this remarkable reading.
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