 Formée en 1998, cette formation trio suisse n'en est plus à son coup (d'archet) d'essai, et s'était fait remarquer dans son approche d'un Schumann ou d'un Mendelssohn. Du premier volume précédemment paru de son Beethoven (où il était déjà intéressant d'avoir à comparer des oeuvres d'un temps différent, sans chronologie), nous remarquions ici même une certaine timidité dans l'expression des passages les plus profonds. Problème maintenant résolu. Bien sûr, avec ce deuxième trio, on est encore dans un opus 1 à la veine galante, proche du divertimento. Mais tout de même et pour la première fois, le second mouvement laisse percer la vraie sensibilité personnelle de notre grand Beethoven, et les interprètes nous font bien sentir – en dehors de cette option d'une tonalité extrême qu'est mi majeur, comme en clin d'oeil au vieux maître Haydn – combien tout cela préfigure un certain lyrisme intemporel à la Schubert. Le cinquième trio, c'est tout autre chose. Il arrive après les neuf premiers quatuors à cordes, dont rien moins que les trois grands Razumovsky. L'oeuvre est assez ramassée, avec un premier mouvement plutôt concis, et surtout l'absence d'un quatrième mouvement, chose rare chez un compositeur qui dans sa maturité se passait difficilement d'un bon scherzo de derrière les fagots. Trio qu'un article de l'élève Czerny contribua à vouer aux ''esprits''. Trémulant en effet autant qu'à trémolos, ce largo autant expressif que fantômatique fut esquissé sur un cahier de notes parmi un autre brouillon de projet d'opéra shakespearien, Macbeth. Original, nocturne, prophétique, il nous fait atteindre vraiment au plus génial Beethoven, et dans son élan à la fois généreux et maîtrisé, le Swiss Piano Trio y donne toute sa belle mesure. Alors, intégrale toujours à suivre, si la prise de son cesse enfin de défavoriser un violon déjà de faible projection. (Gilles-Daniel Percet)  The concept of the stimulating contrast between early and later trios is being continued in the second part of the complete edition of Beethoven’s Piano Trios : the early Trio, Op. 1 No. 2 and the Trio, Op. 70 No. 1 composed 13 years later convey an impression of Ludwig van Beethoven’s widely differing compositional concepts and bear witness to the inexhaustible variety of his musical ideas.
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