Une vraie rareté que cette intégrale de la musique pour piano de Luise Adolpha Le Beau, compositrice allemande du début du XXème siècle, prise sous son aile par Clara Schumann. Ce disque fait la part belle au beau sexe, trop peu souvent représenté en musique classique, avec l’interprétation très féminine de la pianiste croate, et petite protégée de Paul Badura-Skoda, Ana-Marija Markovina qui enregistre ici ces œuvres en première mondiale.  C'est une heureuse surprise que réserve ce disque passionnant qui nous invite à découvrir l'œuvre pour piano de la compositrice allemande Luise Adolpha Le Beau (1850-1927). Elève de Clara Schumann et de Rheinberger, concertiste, critique musicale, professeur de chant et de théorie, amie de Liszt, Bülow, Hanslick, Joachim et Brahms, elle a pratiqué tous les genres musicaux : piano seul, musique de chambre, orchestre (un concerto, une symphonie), près de 50 lieder, deux opéras et une vingtaine d'œuvres chorales. Estimée par ses pairs et reconnue par ses contemporains, plusieurs de ses compositions ont été créées et éditées de son vivant et lui ont valu de nombreux prix. Part significative de son œuvre, le piano jalonne toute sa période créatrice. Manifestement influencée par Chopin, Schumann et Brahms, Luise Adolpha Le Beau s'exprime avec cet instrument dans un style et dans des formes (études, préludes, ballade, fantaisie, barcarolle, marche funèbre...) résolument romantiques. Toutefois, loin d'être un pâle épigone, une vraie personnalité s'affirme et se dessine au fil de ces pièces qui sont toutes d'excellente facture : fort bien écrites, rythmées et variées (on ne s'ennuie pas un instant), développant de nobles thèmes et parées de mélodies séduisantes, elles sont traversées par une inspiration dont le souffle ne faiblit pas. Soutenu par un geste créatif fort, virtuose et sûr, le propos musical n'est jamais mièvre ni superficiel. Impeccable, la pianiste croate Ana-Marija Markovina défriche ce répertoire nouveau avec une justesse et un brio enthousiasmants. Seule réserve, le texte qui accompagne ce très beau disque : plutôt que nous éclairer sur la vie et l'œuvre de cette compositrice quasiment inconnue, il nous inflige de plates considérations prétendant expliquer pourquoi on compte si peu de femmes parmi les grands créateurs... À oublier bien vite pour revenir à cette musique superbe qui devrait enfin (re)trouver son public. (Alexis Brodsky)  En tant qu’amoureux du piano, on se réjouit de chaque nouveau CD qu’Ana Markovina publie chez Genuin, car on peut toujours s’attendre à un évènement à la fois imprévisible, passionnant, émouvant. Pour la cinquième fois, la jeune pianiste, à la renommée entre-temps devenue internationale, nous comble : après ses enregistrements, entre autres, de Schumann et Carl Philipp Emmanuel Bach, elle est à présent la première à avoir enregistré l’intégrale pour le piano de Luise Adolpha Le Beau. La compositrice allemande de l’époque romantique fréquentait des musiciens tels que Liszt, Clara Schumann et Brahms dans les plus hauts cercles, et écrivit des pièces de caractère ravissantes, que Markovina nous présente comme une rangée de perles. C’est ... très beau !
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