Bach Sonates et partitas pour violon Schneider - LAB2055 - Historique - par Biddulph

Menant aussi à la baguette le concertiste Rudolf Serkin (Mozart à Marlboro), ayant poussé l'antifranquiste Pablo Casals à se fixer à Prades, Schneider fit surtout carrière de chambriste (quintette La Truite, quatuors avec piano de Brahms) : membre du quatuor de Budapest, d'un autre à son nom pour une intégrale Haydn, d'un quatuor avec piano avec Horszowski, d'un trio avec piano où il se frita avec Istomin car rêvant (comme nous, souvent) de rabattre le caquet d'un piano au couvercle trop béant pour ses partenaires cordistes rabaissés au rang étouffé et déséquilibré de simple accompagnement (avec la complaisance de cour des preneurs de son, cf. le Beaux-Arts Trio...). Sur vinyle Mercury début années cinquante (enregistrement de 1949), voici une occasion discographiquement rare (seulement la deuxième en CD) de l'admirer enfin en solo dans ce monument qu'il travailla spécialement avec Pablo l'exilé. Et qu'il nous rend dans un style glorieux, si moderne, un volontarisme passionnel quasi romantique, une vigueur affirmative (tempi et accents) expliquant ce reproche de jouer un peu à la Casals. Interprétation assez ignorée, pourtant de référence, d'engagé très volontaire sur le front du combat entre harmonie et rythme structurant ce considérable ouvrage (et qu'on nous réédite itou ses sonates en duo avec Kirkpatrick!). Ecoutez déjà comme il entre dans la première sonate, loin de trop d'éthers connus aux mains trop blanches (comme une mazurka de Chopin bien cognée de la galoche par Friedman à l'opposé d'un trop forcément subtil Horowitz). Et si Schneider là encore est chambriste, comme son ami dans les suites pour violoncelle, c'est de nous prendre en partenaires égaux d'un Bach si humain, à l'inspiration d'autant plus haute que les pieds sur terre. Regardons les portraits du compositeur : celui d'un passeur solide devant l'énigme éternelle, en aucun cas d'un déraciné qui s'évapore. (Gilles-Daniel Percet)