Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Passion selon St. Matthieu, BWV 244

Peter Schreier, ténor
Theo Adam, basse
Siegfried Vogel, basse
Johannes Künzel, basse
Hermann Christian Polster, basse
Hans Martin Nau, basse
Hans-Joachim Rotzsch, ténor
Gerda Schriever, alto
Erika Wustmann, soprano
Eva Hassbecker, soprano
Adele Stolte, soprano
Annelies Burmeister, alto
Günther Leib, basse
Dresdner Kreuzchor
Thomanerchor Leipzig
Gewandhausorchester Leipzig
Rudolf Mauersberger, direction
Erhard Mauersberger, direction

Cette réédition d'un enregistrement effectué en 1970 à Leipzig, ne peut guère s'écouter aujourd'hui que comme un témoignage historique. Du fait, d'une part, de la profusion, pour ne pas dire la pléthore des enregistrements disponibles (or celui-ci, est loin d'égaler, dans « sa catégorie », les réalisations d'un Munchinger ou d'un Karajan), d'autre part parce qu'à cause même de son ampleur, du caractère exceptionnel, « grandiose » voire démiurgique (2 chœurs/2 orchestres) qu'on lui reconnut dès sa création, l'œuvre, au-delà d'une période où la musique de Bach a subi une certaine désaffection (moins nette d'ailleurs qu'on ne l'a dit) , a été vite « happée » par une tradition d'exécution vocale et instrumentale marquée par le romantisme. Or, les interprétations dites "historiquement informées " , liées à la «révolution du baroque » ont aujourd'hui définitivement gagné la partie. Outre que la prise de son (en dépit de la remastérisation) et la distribution des protagonistes dans l'espace ne sont pas idéales, il y a, notamment dans la première partie, une sorte de lenteur, d'aplatissement, de dilution et un équilibre parfois instable entre ensembles vocaux et instrumentaux. Les voix masculines s'avèrent dans l'ensemble supérieures aux voix féminines, mais P. Schreier et T. Adam ne sont pas pour autant au mieux de leur forme. Du côté des instruments on note une certaine lourdeur dans les basses. L'ensemble n'est pas assez fouillé, nuancé, on est évidemment dans la logique de l'émotion, du sentiment, et donc du côté d'une expressivité trop immédiate et non dans la logique des affects, plus subtile, plus variée et dialogique, plus saisissante et non moins puissante et dramatique . (Bertrand Abraham)