 Amis mélomanes, vous vous changez, changez d'oreilles. Pour cet instrument soliste au timbre magnifique de goéland (dixit Léo Ferré), sous-estimé du monde classique. Compositeurs peu connus non plus du large public (sauf Ibert, à la rigueur), mais aux oeuvres ici justement réputées dans ce répertoire. On ne sait si, toulousaine, la femme Fernande Decruck était un violoncelle, mais elle avait mis bague au doigt à un saxophone (allusion freudienne, non merci). C'est donc pour son mari instrumentiste qu'elle composait entre dernier Brahms et descendance francko-debussyste, d'où cette superbe sonate tout en lyrisme intime, dialogues et échos, d'une surprenante qualité d'écriture. L'américain William Albright, entre Indiana et Michigan, fit carrière polystylistique de compositeur et d'organiste, tonale et atonale (il fut élève de Messiaen), voire populaire (il adorait le ragtime). Lui sonne carrément contemporain : imitations, éruptions, cadences libres, folie parfois (lamentation sur la mort d'un ami), échos de be-bop et de free jazz. Professeur au conservatoire de Lyon (notamment), le saxo Jean-Denis Michat, au jeu dit ''à la française'', a beaucoup transcrit pour le classique. Il adopte la distribution du concerto néoclassique d'Ibert, un peu en Darius Milhaud arabisant (Shams signifiant alors soleil). Amateurs s'abstenir, c'est injouable et tout dans l'aigü: ''slaps'' (effets de tambour), quarts de ton, double et triple coups de langue. Après laquelles épices cette jeune et somptueuse interprète nous donne du concertino de chambre d'Ibert une version certes exemplaire, mais par contraste d'un charme un peu suranné. (Gilles-Daniel Percet)  Dès les premières sonorités nostalgiques de la Sonate de Fernande Decruck, la jeune saxophoniste Asya Fateyeva nous envoûte : dans l’édition Primavera de GENUIN, qui ne cesse de nous offrir de remarquables solistes – tous lauréats du Deutscher Musikwettbewerb, elle va encore plus loin. La musicienne survole avec une telle légèreté le concertino pour saxophone ludique de Jacques Ibert, que ses difficultés techniques semblent s’évanouir. Et dans le concerto de Jean-Denis Michat, elle apprivoise son saxophone avec des coups de langue arabisants de la même manière époustouflante et virtuose ! De captivantes découvertes, jouées à en perdre haleine !  Right from the very first wistfully tender notes of the sonata by Fernande Decruck, the young saxophonist Asya Fateyeva puts us under her spell: In GENUIN’s Primavera edition, which features winners of the German Music Competition and always gives us outstanding soloists, she goes beyond all boundaries. The musician flies through Jacques Ibert's carefree saxophone concerto with such an ease, as if its technical difficulties were nonexistent. And in Jean-Denis Michats concerto her saxophone entices us with Arabic accents – in a virtuosic manner that is equally stunning! Captivating discoveries, breathtaking played!
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