Anton Rubinstein (1829-1894)
Quatuor à cordes en mi mineur, op. 47, 1
Quatuor à cordes en ré mineur, op. 47, 3

Reinhold Quartett

Dietrich Reinhold, violon
Tobias Haupt, violon
Noerbert Tunze, alto
Dorothée Erbiner, violoncelle

Pas assez russe pour ses compatriotes qui lui reprochaient son style trop germanique, mais pas non plus assez authentiquement allemand pour rivaliser avec Schumann ou Brahms, Anton Rubinstein, pianiste virtuose, chef d’orchestre et compositeur prolifique est peu à peu tombé dans l’oubli. Son puissant 4° concerto pour piano est désormais délaissé par les grands virtuoses même russes et son opéra le démon ou sa symphonie l’océan sont plus souvent cités que joués. C’est donc avec bonheur qu’on accueille l’annonce d’une gravure intégrale de ses dix quatuors à cordes ; le quatuor Reinhold délaisse pour l’instant les trois de l’opus 17 et débute son cycle par deux du triple opus 47 (1856). On y trouve la qualité d’écriture, l’inspiration mélodique puissante sinon toujours originale du compositeur dans ces deux pages d’une demi-heure chacune, de coupe strictement classique en quatre mouvements, culminants dans de splendides mouvements lents. Familiers des répertoires inhabituels, les Reinhold dont les membres sont issus du prestigieux orchestre du Gewandhaus de Leipzig rendent à ces pages savantes leur belle architecture et leur ordonnance majestueuse. De quoi faire mentir les propos amers du compositeur : « Les Russes me qualifient d'Allemand, les Allemands de Russe, les juifs de chrétien et les chrétiens de juif. Les pianistes me considèrent comme un compositeur, les compositeurs comme un pianiste, les classiques comme un moderne, les modernes comme un réactionnaire. Ma conclusion est que je ne suis qu'un pitoyable individu ». (Richard Wander)

How Anton Rubinstein in the end succeeded in creating a comprehensive oeuvre covering all the genres while making breathtaking concert and traveling rounds as a pianist is something that numbers among the incomprehensibilities of his life marked by a tireless work ethos. During the course of his busy life on the go he composed more than a dozen operas, six symphonies, an oratorio, a ballet, some two hundred songs, countless works for piano solo and for piano in the concerto style and with orchestral accompaniment, and chamber music for various formations with and without piano. He also composed ten string quartets, two of which are now being released on cpo. Rubinstein composed these works during his time in Leipzig, and the Reinhold Quartet, whose members are musicians of the Gewandhaus Orchestra in Leipzig, offer powerful interpretations of them. The two Quartets Nos. 1 and 3 in minor keys from op. 47 are on the one hand subtly linked together motivically and on the other hand most highly different in design. Especially striking triplet motifs livening up in the secondary segments, refined motivic transformations, and fortissimo outbursts of absolutely orchestral might – these are all typical characteristics of Rubinstein’s quartet style. And what might possibly top the impressive conclusion of the first quartet? The gigantic, virtuosic, and harmonically and formally bolder conclusion of the third quartet, that’s what!