Quelle place faut-il accorder à des compositeurs qui ne doivent qu’à la patience des musicologues de surgir dans la mémoire collective des siècles après leur disparition ? Pourtant, le succès avait tôt souri au Vénitien Andrea Luchesi. Tout juste sorti de l’adolescence, l’élève de Galuppi, entre autres maîtres, était déjà organiste reconnu et compositeur pour lequel, de tournée italienne, les Mozart père et fils s’étaient fendus d’une visite. Et nul hasard si le Comte Durazzo, Ambassadeur d’Autriche auprès de la Sérénissime République, glissait à l’oreille du Prince Electeur et Archevêque de Cologne qu’il tenait-là celui qui pourrait porter sa Chapelle musicale au rang des meilleures de l’Empire. Recruté à l’essai en 1771, il dût attendre la mort du grand-père de Beethoven, Kapellmeister en titre, pour le remplacer à Bonn. Ludwig van fut-il son élève ? Sans s’immiscer dans la querelle, on peut imaginer, à l’écoute de sa musique, l’influence que Luchesi eut sur son cadet. Présentées ici en première mondiale par des interprètes italiens de talent, ces œuvres sacrées nous donnent à espérer une suite : à quand le Requiem et la Passion ? (Yves Kerbiriou) The recorded compositions in this album, they are attributed with certainty to Luchesi. They were written in the period between 1768 and 1773. The Kyrie in D minor for solo (S.A.T.B.) choir with four mixed voices, orchestra (2 flutes, 2 oboes, 2 horns, strings) and organ, is perhaps one of the oldest existant pieces of sacred works by Luchesi: the attentive listener will recognize a melodic phrase of 4 beats, which is played after the introduction by the alto and soprano, which clearly echoes the incipit of the Stabat Mater by Pergolesi, a composer who Luchesi knew very well. Stabat Mater for soloists (S.A.T.B.), four voice choir and orchestra also shows some reminiscences Pergolesi, but Miserere for solo (S.A.T.B.) and choir is the most expansive and inspired in the group of pieces presented here. The purity of the melodic lines and some intentional expressive dissonances make this piece a real gem: it is, no doubt, the pearl of the sacred music definitely written by Luchesi.
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