Aucun des concertos enregistrés dans ce vol. 6 ne correspond au modèle qui s’est imposé comme dominant dans la musique baroque. Les deux premiers (d’avant 1715) appartiennent à la 1re période du compositeur. Très brefs, ils relèvent encore du concerto da ripieno (sans solistes expressément désignés). Absente dans le 1er mvt. du TWV40 : 200, l’autonomie du solo se limite souvent à des reprises en écho, de simples réponses au tutti… Les deux autres, nettement postérieurs, et longs, sont des exemples d’une forme hybride que seul Telemann a porté à ce degré d’ingéniosité et de perfection. On peut parler à ce propos de gageure car le concerto vient s’inscrire, comme par défi, dans un genre des plus rhétoriques, et des plus contraints — la suite — appelée parfois, à cause de son mouvement initial, ouverture, et dont les autres mouvements portent les noms des danses — populaires à l’origine — dont ils sont chacun la réélaboration savante. L’écriture soliste doit donc s’imposer au cœur même de ce qui constitue une sorte de gangue, avec ses figures et ses rythmes obligés. Le concerto devient une joute, et acquiert une dimension véritablement théâtrale. Le génie de Telemann exulte alors : il renforce les contrastes (l’ordre donné aux mvts. de danse permet d’opposer des affects), il joue sur les rapports entre style français et style italien : dans le TWV 55 : h4, une « bravoure » française solennelle, éclatante et sérieuse, précède une « rodomontade » italienne qui en constitue la parodie bravache et carnavalesque. Verve, précision, fraîcheur du jeu des interprètes donnent aux « 2 petits » concertos de ce CD un relief que vient rehausser, par différenciation, leur couplage, très ingénieux, avec les 2 « concertos-ouvertures », dont le caractère, complexe, ambivalent, paradoxal et théâtral est magnifiquement rendu ici. Il n’y a rien de trop, c’est sobre, suggestif, malicieux. (Bertrand Abraham) The sixth volume of our complete recording of Georg Philipp Telemann’s violin concertos opens with a work originally known as the »Sonata in B flat major« for two violins, viola, and violone. Its date of composition may be assigned to the period prior to 1715. The erroneous assumption that this composition did not reckon with a basso continuo accompaniment led to its registration as »Chamber Music Without Thoroughbass« in the catalogue of Telemann’s works (therefore, its designation as »TWV 40:200«). Today, however, we know that this sonata belongs to an extensive group of works consisting of ensemble music for strings that is modeled on concertante structures but does not prescribe individual parts for the solo instruments. These concerti ripieni or »ripieno concertos« were variously designated; an individual work might be termed a »Concerto,« a »Sinfonia,« or, as here, a »Sonata.« The next two works number among the composer’s early concertos. They were performed with a violin as the solo instrument already during the eighteenth century, and Elizabeth Wallfisch, joining forces with her ensemble, employs rich ornamentation and swift tempos to transform them into compelling violin concertos. The Wallfisch Band concludes the complete recording of Telemann’s seven extant Concertouverturen for solo violin, strings, and basso continuo with two overture suites. This group of hybrid compositions situated between the French overture and the Italian concerto represents a unique case in the music history of the eighteenth century; no other composer from this period set this type of concertante violin music with the rich designs and wealth of ideas found in Telemann.
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