 Cette sélection de pièces pour clavier d'A. Scarlatti est organisée à partir d'une forme privilégiée : la toccata. Les œuvres, tirées de divers manuscrits, sont répertoriées de façon savante, sans référence au catalogage le plus usité. Il s'agit souvent de pages assez fortement ambivalentes quant à leur destination instrumentale : nombre d'entre elles pourraient être jouées aussi bien sur l'orgue que sur le clavecin, en produisant selon le choix des effets sonores radicalement différents (peut-être même une "autre" œuvre) car ces pièces combinent des traits qu'on imagine idiomatiquement liés au clavecin, et des passages qui paraissent faits pour l'orgue. Or tout semble naturel sur le petit instrument de 9 jeux utilisé ici. Certains sont coupés ce qui permet d'obtenir des registrations différentes à la main gauche et à la main droite et donc une palette étonnante de coloris. Datant de 1630, resté semble-t-il très « authentique », cet orgue est d'une extrême beauté sonore — idéal pour rendre cette musique-là. Quelle rutilance, quelle énergie, quelle incroyable richesse ! Et quelle variété de rythmes dans ces pages, quelle fête de contrastes ! La forme toccata accueille en fait tout une série de "microformes". Des ruptures inattendues orientent brusquement le propos vers des ailleurs surprenants, et des déroulés mélodiques exquis dans des passages à seulement 2 voix (fin de la plage 6 notamment) ravissent. Il y a dans la virtuosité une profondeur et une obstination presque statique et dans la lenteur de certains passages comme la condensation de traits fougueux et d'arpèges entiers (introduction de la toccata sur la Follia). Lisibilité, articulation exemplaire, interprétation pleine d'intelligence, d'invention, de verve, mais aussi de sagesse pour une musique qui semble toujours s'excentrer par rapport à elle-même, mais où tout se tient. Un disque splendide. (Bertrand Abraham)  Inside the huge production of Alessandro Scarlatti, the keyboard instruments works are a very restricted part under the quantity profile, but under the stylistic one they have many reasons of interest. As we can see even in the most famous pieces, as oratorios and cantatas, the great Neapolitan master was able to create in fact an extraordinary writing, that genially blend some elements of the seventeenth century tradition with a series of modern ideas: as a whole, they bring to a listening of extraordinary pleasantness, as we can see for example in the famous Toccata e Partite sulla Follia di Spagna, theme that was put in music, among the others, by Arcangelo Corelli and Antonio Vivaldi. Beside this work, the programme of this CD also includes unreleased pages taken from the manuscripts preserved in Santa Pietro a Majella (Naples) at Biblioteca del Conservatorio and in Fondo Foà-Giordano (Torino). Realized inside the celebrations for Palermo Capitale Italiana della Cultura, this CD has an inspired protagonist in Diego Cannizzaro, at the keyboard of the splendid organ of San Sebastiano di Sclafani (PA), built around 1630 by Antonio La Valle.

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