 La postérité d’Ivan Moravec serait-elle mieux assurée par l’exhumation de ses bandes de concerts que par ses enregistrements pour le disque ? Au studio, son art classique se mesurait en quelque sorte, s’obligeant à une perfection admirable mais où l’artiste retranchait une part de sa spontanéité. Le miroir que lui tendait le disque le forçait à être raisonnable. Alors qu’au concert, sans jamais abdiquer son gout de la perfection, l’instant lui commandait des audaces. Prenez le Concerto en sol de Ravel, un de ses opus favoris où il chantait des trilles éperdus et pourtant modelés, où son clavier déployait des arcs en ciel pastel. Le 25 mai 1974 il le joue en confidence – non seulement l’Adagio, si Mozart, tout effleuré, et chanté comme à regret - mais aussi, surtout ! l’Allegro molto moderato dont il irise les mélodies, déploie largement les phrasés, suspend le temps, l’anti Martha Argerich, fascinant au même degré qu’elle et pas seulement lorsqu’il piaffe le finale dans un tempo fou. Toute la pudeur délicate de son art y chante, entre lumière et ombre, vraie merveille de ce disque où on le trouvera avant tout musicien dans un Grieg parfait de style (mais lourd d’orchestre) et un 1er de Prokofiev délicieusement néo-classique, assorti d’une pointe d’humour, magnifiquement irrévérencieux et rendu plus piquant encore par la direction ironique de Karel Ancerl. Mais ne serait-ce que pour le Sol de Ravel, ce disque est déjà impérissable. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) The highly valued discography of Ivan Moravec (1930 -2015), one of the 20 th century piano legends, comes to a great extent fr om recording studios. However, thanks to radio microphones some of his remarkable concert performances in Prague concert halls could be retrieved as well. From 1962 on, he performed twenty times at the Prague Spring festival alone. He played Prokofiev’s first concerto at the festival in May 1967 and the recording captures one of the top – and also one of the last – performances of Karel Ancerl with the Czech Philharmonics before his leaving for Toronto. The Ravel recording from May 1974 represents another u nforgettable musical experience and no doubt also one of the best Ravel creations ever performed by Moravec. All three recordings are published for the first time; what is more, the one of the Grieg concert played in December 1984 is the only recording mad e public by the virtuoso pianist. Microphones have captured Ivan Moravec in his top shape, his play possessing romantic flight, ferocity and a wide range of timbre nuances on the one hand, and remarkable preciseness on the other. At every moment, Moravec is deeply sunk in the substance of the work he performs. By this threesome of recordings, Supraphon supplements the pianist’s existing discography by unexpected gems found in the radio archives, undoubtedly pleasing all of his admirers
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