 L'approche de Jeths (peu connu en France) n'est pas facilitée ici : ni la notice, ni le livret inspiré d'une nouvelle de Poë ne sont traduits. Et ces moyens d'accès, au lieu d'introduire à la connaissance de Jeths présupposent comme déjà acquise cette connaissance : La mort, obsession majeure tisse partout chez ce compositeur des liens d'implication réciproque. L'écueil, non évité ici, consiste en la multiplication dans le commentaire visant à éclairer telle œuvre, de références à d'autres que personne n'a entendues en France, dont on ignore même si elles ont déjà été enregistrées : les éclairages n'éclairent rien, et ne parlent (anglais) qu'à l’infime poignée de musicologues bataves qui les a conçus. Mors Aeterna : pièce orchestrale d'un seul tenant, combinant et opposant deux aspects de la mort : comme expérience terrifiante avec tout le déploiement que cela suppose — instruments, rythmes, intensité, sonorités — (« la mort à plein volume » dit la notice), et comme expérience de la sérénité, « Nirvana du silence » . Pour faire court, disons qu'on évolue dans un idiome post-mahlérien revisité : exagéré, raréfié, sublimé, par des procédés d'écriture "modernes". The Tell-Tale Heart, micro opéra pour soprano d'après « Le Cœur Révélateur » de Poë, prolonge, à son niveau, une tradition allant du Barbe Bleue (Bartok) à l'Elektra (Strauss) ou à La Voix Humaine (Poulenc). La voix est belle, l'écriture quelque peu monotone. Le concerto n° 2 pour violon, œuvre hautement paradoxale : l'orchestre y est plus « une caisse de résonance qu'un partenaire dans un dialogue » . Le soliste est solipsiste, sa partie est un fil étiré, souvent perché dans l'aigu, joué contre les autres instruments. L'ensemble évoque une atmosphère tendue, névrotique, où apparaissent des fulgurances, des craquelures, des déchirures. Musique métaphysique qui n'est pas précisément du côté du « plaisir ». (Bertrand Abraham)  Mors Aeterna for orchestra, which was premiered in November 2015 during the NTR Saturday Matinee series, narrates a quest for stillness, a piece of pervasive calm, of gentle sounds which were intended to create the impression of having come from the hereafter: the Nirvana of silence where the soul can retreat. In the Second Violin Concerto, Diptych Portrait (2009) The orchestra is more of a sounding board than a partner in any dialogue. So what is this all about, these convulsive tensions, overblown crescendi? It is the soloist’s split relationship with himself. This is a double portrait of one individual, torn apart internally. The violin represents an abstract character that, despite being tormented and audibly injured, strives to come to terms with itself and even appears to succeed in doing so when we hear the serene sigh of enlightenment at the close of the piece. In The Tell-Tale Heart (2017) the building blocks of Jeths’ thematic narration are all there; death once again, once again an internal monologue. But now transformed by Jeths into an opera, intended to supplement Bartok’s one-act work Duke Bluebeard’s Castle – another horror story – a link actually referred to in the score. Here, the narrator of Poe’s tale becomes a woman, as Jeths needs the part to be sung by a soprano: a piece for musical theatre performed by a single, fairly obsessed character. Death may well be our fate, but you cannot have death on your conscience. Only when you have left your ghosts behind can your conscience find peace.

|