Viktor Ullmann Concerto Pour Piano Et Œuvres Pour Piano Seul Treutler Frucht - 0301463BC

Victor Ullmann fit partie des derniers musiciens issus du postromantisme qui cherchèrent leur place dans la dissolution de l’empire des Habsbourg. Dans l’effervescence des années vingt, le musicien tchèque se rapprocha des compositeurs de la Seconde Ecole de Vienne. Pris au piège de Prague occupée en 1939, il fut interné au camp de Terezin et il mourut à Auschwitz, en 1944. Disciple de Schönberg, mais proche de l’écriture de Zemlinsky, du dernier Mahler et de Scriabine, Ullmann composa son Concerto pour piano en 1939. Ravel, pour le caractère éthéré, Prokofiev pour la dimension dansante et ironique, mais aussi Weill et Bartók se croisent dans cette partition néoclassique. Annika Treutler lui apporte une fraîcheur et une jubilation rares. L’orchestre répond avec saveur à cette frénésie jubilatoire du rythme. Voilà une interprétation aussi narrative d’endiablée. La Troisième Sonate (1940) joue de variations sur un thème de Mozart, tissées sur une structure atonale. Annika Treutler offre une lecture aussi pudique que chargée de questionnements puis incisive dans les deux derniers mouvements. Inachevée, la Sonate n°7 impose dans des traits fulgurants et songeurs les miasmes de Vienne ainsi que le pointillisme de Prokofiev. La partition date de 1944 (elle fut orchestrée en 1989 et devint ainsi la Seconde symphonie posthume du compositeur). Ullmann composa la Sonate deux mois avant sa disparition. La musique synthétise à la fois la culture viennoise (la marche du second mouvement est typiquement mahlérienne) et l’expressionniste tchèque des années trente. Interprétation de référence pour une œuvre déjà largement enregistrée. (Jean Dandrésy)