 Le pianiste italien se passionne pour les répertoires de l’Est. En témoignent ses albums précédents consacrés à Moussorgski, Szymanowski, Bartok… Ici, il réunit des pièces modernes pour ne pas dire considérées comme avant-gardistes car composées entre 1900 et 1933, mais reposant sur des formes classiques. La musique de Taneiev (1856-1015) brille dans son Prélude et Fugue op.29 complexe et dansant à la fois. Cette écriture lyrique – Taneiev était un mélodiste de génie – fait écho aux Six Préludes op.17, Cinq Morceaux op.18 et Primitifs (douze anciennes mélodies russes adaptées) de Nikolaï Tcherepnin. Il s’agit d’une première au disque fort intéressante. Disciple de Rimski-Korsakov, Tcherepnin (père d’Alexandre Tcherepnin, musicien plus connu) vécut en France et parcourut l’Europe. Les influences slaves se mâtinent de teintes qui rappellent parfois Debussy et Brahms, mais aussi Moussorgski et plus encore, Rachmaninov et Szymanowski. Le romantisme le plus nostalgique et chargé d’émotions croise des pages épurées dont les harmonies demeurent volontairement drues. Andrea Vivanet joue avec beaucoup de sensibilité ces pièces qui tiennent parfois de l’improvisation couchée sur le papier. Il préserve le caractère narratif de chacune d’entre elles, imprévisibles dans leur développement. Les Primitifs qui sont des arrangements d’anciennes mélodies russes renouent avec les recherches d’un Moussorgski. Le chromatisme disparaît au profit d’une simplicité de jeu que l’on retrouve parfois chez Bartok, mais sans la complexité rythmique. Enfin, les 24 Préludes de Chostakovitch oscillent entre Chopin et Prokofiev avec juste ce qu’il faut de nostalgie et d’ironie. Andrea Vivanet traduit l’ambivalence de cette musique caractéristique du début des années trente. (Jean Dandrésy) Sardinian pianist Andrea Vivanet is one of the most interesting musicians of our time. Far more than a fabulous virtuoso, Vivanet captivates with finely chiselled art of characterisation, organically coherent performance and utmost refinement of colourism in both large and smallest forms. His Szymanovsky album on the Naxos label was hailed by international critics, and his new album for Aldilà Records is an unconventional panorama of Russian piano music from the traditional to the classical modernism of the 1930s. Sergei Taneyev's only piano work 'Prelude and Fugue' is not only a breathtaking contrapuntal masterpiece, it is also considered a pianistic acid test and is brilliantly performed here. Nikolai Tcherepnin, like Glazunov one of the great Rimsky-Korsakov pupils driven into emigration by the Russian Revolution, is still not completely rediscovered. Three of his miniature cycles are presented here in first recordings. The poetic lyricism of the turn-of-the-century music with its romantic, shimmering richness of colour contrasts with the subtle originality of the folk song arrangements 'Primitifs' from 1926, in which the new era has its say. The 'Russian Album' closes with Shostakovich's overflowingly diverse miniature cycle of 24 Preludes Op. 34 from 1933. Russian piano music has arrived in the modern age, but everywhere the tradition continues to shine through in a transformed manner.
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