Josef Tal (1910-2008)
"Saul in Ein Dor", opera concertant pour récitant, mezzo-soprano, ténor, baryton et orchestre de chambre

Michail Gnesin (1883-1957)
"Die Jugend Abrahams", opéra de chambre en 3 scènes pour ténor, baryton et piano

Peter Prautsch, récitant
Alejandro Larraga Schleske, baryton (Samuel)
Janos Ocsovai, ténor (Saul)
Ayala Zimbler-Hertz, mezzo-soprano (La femme)
Mitglieder des Philharmonischen Orchesters Altenburg-Gera
Laurent Wagner, direction
(Saul in Ein Dor)

Janos Ocsovai, ténor (Abraham)
Aljandro Larraga Schleske, baryton (Terach)
Yuka Beppu, piano
(Die Jugend Abrahams)

Élève de Paul Hindemith à Berlin, immigré en Palestine en 1934, le pianiste et compositeur Josef Tal est l’un des fondateurs de la musique classique israélienne moderne et une figure marquante de la vie musicale en Israël au XXe siècle. Son œuvre riche de plus d’une centaine d’œuvres aborde tous les genres avec notamment huit opéras, six symphonies et six concertos pour piano. Profondément influencée par la Bible et les événements de l’histoire juive, elle mêle l’atonalité et la tonalité aux éléments de la musique juive traditionnelle. Créé en 1955, "Saul in Ein Dor" narre la rencontre de Saul, premier roi d'Israël, venu implorer l’aide de Dieu dans son combat contre les Philistins par le truchement de la prophétesse d'Ein Dor mais sans succès. La prophétesse prédit à Saul une mort imminente et Saul s’enfoncera dans la nuit vers sa mort inéluctable. Ce court opéra-oratorio (26’) confié à un petit ensemble de cordes, vents, percussion et piano est d’une grande force expressive. Le récitant à la voix de stentor impressionne. Le chant de Saul évoque la cantillation hébraïque. Le cor, la flûte et le hautbois enveloppent la mezzo-soprano de lignes mélodiques délicates tandis que les cordes et la percussion ne vont pas sans rappeler la rythmique stravinskienne du "Sacre" dans l’intervention de Samuel prédisant le destin de Saul. "Die Jugend Abrahams" composé en 1922 et jamais joué en public est une œuvre du compositeur et professeur russe Mikhail Fabianovich Gnessin, élève de Rimski-Korsakov, Glazounov et Liadov. Fils de rabbin, Gnessin est intimement lié à la culture et à la musique traditionnelle juives. C’est lors de son second séjour en Palestine en 1921 qu’il composa, reclus dans la montagne, le premier opéra national hébreu, ici gravé en première mondiale. D’après les légendes de l’Agadda, Gnessin conte la jeunesse d’Abraham, fondateur d’Israël, auprès de son père Térah, alors qu’il vit dans une grotte et qu’il va s’éveiller à la connaissance et à l’harmonie du monde. Très originale par sa forme, l’œuvre se divise en trois scènes dans lesquelles le piano joue un rôle de premier plan notamment dans la troisième où il déroule une partition magnifique. Côté chant, l’auteur privilégie ce qu’il dénommait une « lecture musicale » : les chanteurs sont guidés par des hauteurs et des rythmes mais doivent plutôt réciter que chanter. L’auditeur est conquis dès la première audition par les échos de la musique folklorique juive et yiddish, les cadences soutenues et aussi les lignes mélodiques quasi debussystes de cet opéra pour piano et deux chanteurs à la fois moderniste et expressionniste. Deux œuvres très originales à découvrir. (Gérard Martin)

The performances of the two Hebrew chamber operas ‘Saul in Ein Dor’ by Josef Tal and ‘Die Jugend Abrahams’ by Michail Gnesin were special highlights of the 25th Thüringer Tage der jüdisch-israelischen Kultur in 2017. The present disc offers live recordings of these momentous performances. Josef Tal (1910–2008) emigrated to Palestine in 1934, where he became one of the founders of classical Israeli music. His opera ‘Saul in Ein Dor’ premiered in 1955 and tells of the meeting between Israel’s first king and the prophetess of Ein Dor, who foretells his impending death: a spine-tingling masterpiece of expressionism! Michail Gnesin’s (1883–1957) ‘Die Jugend Abrahams’, in contrast, looks further back into the past and focusses on Abraham, the founding father of Israel. The textbook of Gnesin’s chamber opera is based on the legends of the Aggada. The work’s music sounds out the boundaries between late Romantic and expressionist styles, and incorporates audible Jewish elements. This the first Hebrew opera of music history — and the present production offers not only the work’s first CD recording but captures the work’s first ever performance.